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voitent ; non plus aux fonctionnaires, mais bien à ceux qui veulent les supplanter. Ce sera à vos yeux, je l’espère, une preuve irrécusable que je ne suis animé d’aucune jalousie chagrine contre tel individu ou telle classe.

Jusqu’à présent j’ai traité la question de l’admissibilité des fonctionnaires à la députation, et me plaçant au point de vue des contribuables, j’ai essayé de prouver qu’ils ne pouvaient guère (pour revenir aux expressions que vous relevez avec tant d’insistance) remettre le contrôle aux mains des contrôlés, sans risquer à la fois leur fortune et leur liberté.

Le passage que je viens de rapporter me conduit à traiter de l’admissibilité des députés aux fonctions publiques, à envisager cette grande question dans ses rapports avec le pouvoir lui-même. Ainsi se trouvera parcouru le cercle des incompatibilités.

Oui, monsieur, je regarde l’admissibilité des députés aux fonctions publiques, et spécialement au ministère, comme essentiellement destructive de toute force, de toute stabilité, de toute suite dans l’action du gouvernement. Je ne pense pas qu’il fût possible d’imaginer une combinaison plus contraire aux intérêts du monarque et de ceux qui le représentent, un oreiller plus anguleux pour la tête du roi et des ministres. Rien au monde ne me semble plus propre à éveiller l’esprit de parti, à alimenter les factions, à corrompre toutes les sources d’information et de publicité, à dénaturer l’action de la tribune et de la presse, à égarer l’opinion après l’avoir passionnée, à entraver l’administration, à fomenter les haines nationales, à provoquer la guerre extérieure, à user et déconsidérer les gouvernants, à décourager et pervertir les gouvernés, à fausser, en un mot, tous les ressorts du régime représentatif. Pour ce qui me regarde, je ne connais aucune plaie sociale qui se puisse comparer à celle-là. Comme ce côté de la question n’a ja-