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l’existence d’un vice dans la colonie dont vous tracez le plan ; si vous raisonnez dans l’hypothèse qu’elle est affectée de paresse, ou de débauche, ou de faste, ou d’ambition, ou d’humeur conquérante, vous arriverez à voir qu’elle suivra bientôt la destinée commune et qu’il n’est pas au pouvoir de l’organisation la plus ingénieuse d’empêcher l’effet de sortir de la cause.

Ainsi les ordres sociaux, que chacun de vous invente chaque jour, supposent la perfection dans l’inventeur d’abord, et ensuite dans l’humanité, cette même matière inerte dont s’amuse votre féconde imagination.

Eh ! monsieur, accordez-nous seulement la perfection de l’humanité, et croyez que les économistes feront des plans sociaux tout aussi séduisants que les vôtres.

Les socialistes nous reprochent de repousser l’association. Et nous, nous leur demandons : De quelle association voulez-vous parler ? est-ce de l’association volontaire ou de l’association forcée ?

Si c’est de l’association volontaire, comment peut-on nous reprocher de la repousser, nous qui croyons que la société est une grande association, et que c’est pour cela qu’elle s’appelle société ?

Veut-on parler seulement de quelques arrangements particuliers, que peuvent faire entre eux les ouvriers d’une même industrie ? Eh ! mon Dieu, nous ne nous opposons à aucune de ces combinaisons : société simple, en commandite, anonyme, par actions et même en phalanstère. Associez-vous comme vous l’entendrez, qui vous en empêche ? Nous savons fort bien qu’il y a des conventions plus ou moins favorables au progrès de l’humanité et à la bonne répartition des richesses. Pour l’exploitation des terres, par exemple, avons-nous jamais dit que le fermage et le métayage, par cela seul qu’ils existent, exercent pour toutes les classes agricoles des effets identiques ? Mais nous pen-