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l’homme est porté au bien, il suffit que la science le montre, et il n’est pas nécessaire, pour l’y déterminer, qu’elle invoque la contrainte ni même le devoir.

Ce qui nous sépare complétement des écoles dites socialistes, fouriéristes, communistes, saint-simoniennes, etc., c’est précisément cela. Elles placent le principe d’action dans l’observateur, et nous le laissons là où il est, dans le sujet observé, l’homme.

Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’ils nous accusent de ne voir dans les hommes que des chiffres, des quantités abstraites. « Qu’ils cessent, dit M. Vidal, de faire abstraction de l’homme, dans une science qui a pour but le bonheur de l’homme. »

Mais c’est vous qui faites abstraction de l’homme, de ce qu’il y a en lui d’intelligence, de moralité, de vie, d’initiative, de perfectibilité ; car, pour vous, qu’est-ce que l’humanité, si ce n’est une matière inerte, une argile, que le savant, sous le nom de réformateur, organisateur, peut et doit pétrir à son gré ?

L’économie politique, ainsi que son nom même le témoigne, admet que l’homme est un être sentant et pensant ; que les facultés de comparer, de juger, de décider sont en lui ; que la prévoyance l’avertit, que l’expérience le rectifie, qu’il porte avec lui le principe progressif.

Voilà pourquoi elle se borne à décrire les phénomènes, leurs causes et leurs effets, — sûre que les hommes sauront choisir.

Voilà pourquoi, comme celui qui place des écriteaux à l’entrée de chaque route, elle se contente de dire : Voici où conduit l’une : voilà où mène l’autre.

Mais vous, vous ne voyez dans les hommes que de la matière expérimentale, des machines qui produisent et consomment ; et désirant, il faut vous rendre cette justice, que la richesse soit équitablement répartie entre eux, vous vous