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pelé dans les conseils de Dieu. » Mais non, vous ne tenez point ce langage impie. Vous laissez de tels blasphèmes aux utopistes. Pour vous, vous vous emparez de la doctrine même dont vous essayez de flétrir les révélateurs, et dans tout votre écrit, sauf quelques vues exceptionnelles que je discuterai tout à l’heure, domine le grand principe de la liberté, qui suppose de votre part la reconnaissance de l’harmonie des lois divines, puisqu’il serait puéril d’adhérer à la liberté, non parce qu’elle est la vraie condition de l’ordre et du bonheur social, mais par un platonique amour pour la liberté elle-même, abstraction faite des résultats qu’il est dans sa nature de produire.

L’intention ! mais quelle perversité peut-on apercevoir dans l’intention de ceux qui se bornent à dire à l’arbitraire : « L’équilibre des forces sociales s’établit de lui-même ; n’y touchez pas ? »

Pour arriver jusqu’aux intentions des économistes, il faudrait prouver trois choses :

1o Que le libre jeu des forces sociales providentielles est funeste à l’humanité ;

2o Qu’il est possible d’en paralyser l’action par la substitution de forces arbitraires ;

3o Que les économistes repoussent celles-ci en parfaite connaissance de leur prétendue supériorité sur celles-là.

En dehors de ces trois démonstrations, vos attaques, si vous pensiez à les faire remonter jusqu’à l’intention des écrivains dont je parle, ne seraient ni justifiées ni justifiables.

Mais je ne croirai jamais que vous, dont personne ne soupçonne l’honneur et la loyauté, vous ayez voulu incriminer jusqu’à la moralité des savants illustres qui vous ont précédé dans la carrière, qui vous ont légué leurs doctrines et que l’humanité a absous d’avance par la vénération et le respect dont elle environne leur mémoire.