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une brochure célèbre, recommander, systématiser cette guerre barbare ?

Mais ce n’est pas à l’auteur que le reproche doit s’adresser : il est marin, et il ne saurait conseiller à son pays une autre tactique navale que celle qui est indiquée par la nature des choses. C’est, nous le répétons, au régime prohibitif qu’il faut s’en prendre. C’est ce régime qui, nous plaçant dans cette situation de n’avoir bientôt plus rien à perdre sur mer, nous montre par où nous pouvons attaquer les peuples commerçants, sans avoir à craindre de représailles.

En 1823, la France avait interdit l’armement en course. À Dieu ne plaise que je veuille atténuer la gloire qui lui en revient ! Mais elle était alors en guerre avec une puissance plus dénuée que nous de propriété navale, et qui, par ce motif, n’accepta pas ce nouveau droit maritime. Au moment d’entrer en lutte, aucun peuple ne se soumet à une convention, quelque philanthrope qu’il soit, qui lui profite moins qu’à son ennemi. Raison de plus pour combattre ces lois restrictives, puisqu’elles sont inconciliables avec le progrès social dont la guerre même est susceptible.

Je laisse aux hommes spéciaux le soin d’examiner si la tactique proposée par le prince ne recèle pas de graves dangers : « Il faut agir sur le commerce anglais, » dit-il. Mais le commerce suppose deux intéressés. En agissant sur l’un, vous nuisez à l’autre, et vous vous faites autant d’ennemis qu’il y a de peuples dont vous interrompez les transactions.

Et puis, en admettant un plein succès, vous arriverez tout au plus à forcer les produits anglais à emprunter des navires neutres. Vous serez donc entraînés, comme Bonaparte, à imposer votre politique à toute l’Europe civilisée.