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la liberté du commerce[1], cette association puissante qui dispose d’un budget de 3 millions, qui, par la presse et la parole, fait pénétrer dans toutes les classes de la communauté les connaissances économiques, qui ne laisse ignorer à personne le mal ni le remède, et qui néanmoins paralyse entre les mains des opprimés toute arme que n’autorisent pas l’humanité et la religion. — Je n’entrerai pas ici dans des détails sur cette association dont la presse parisienne nous a à peine révélé l’existence. Je me contenterai de dire que son but est l’abolition complète, immédiate de tous les monopoles, « de toute protection en faveur de la propriété, de l’agriculture, des manufactures, du commerce et de la navigation, en un mot, la liberté illimitée des échanges, en tant que cela dépend de la législation anglaise et sans avoir égard à la législation des autres peuples ! » — Pour faire connaître l’esprit qui l’anime, je traduirai un passage d’un discours prononcé à la séance du 20 mai dernier par M. George Thompson.

« C’est un beau spectacle que de voir une grande nation presque unanime poursuivant un but tel que celui que nous avons en vue, par des moyens aussi parfaitement conformes à la justice universelle que ceux qu’emploie l’Association. En 1826, le secrétaire d’État, qui occupe aujourd’hui le ministère de l’intérieur, fit un livre pour persuader aux monopoleurs de renoncer à leurs priviléges, et il les avertissait que s’ils ne s’empressaient de céder et de sacrifier leurs intérêts privés à la cause des masses, le temps viendrait où, dans ce pays, comme dans un pays voisin, le peuple se lèverait dans sa force et dans sa majesté, et balayerait, de dessus le sol de la patrie, et leurs honneurs, et leurs titres,

  1. Cette association s’intitule Anti-corn law league, parce qu’elle s’attaque principalement à la loi des céréales, qui est la clef de voûte du système protecteur. Mais je ne crains pas qu’aucune personne connaissant le but de cette société m’accuse d’avoir mal traduit ce titre par ces mots : Association pour l’affranchissement du commerce.