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ont été abaissés, pour les objets similaires provenant des colonies, dans une proportion encore plus forte, en sorte que la protection subsiste toujours en principe et en fait. Un exemple fera comprendre ce mécanisme.

BOIS DE CONSTRUCTION
Du Canada. De la Baltique. Proportion.
Tarif ancien. 10 sch. 55 sch. 1 contre 5 1/2.
Tarif Russell. 20 50 1 contre 2 1/2.
Tarif Peel. 1 25 1 contre 25.

Ainsi, quoique le bois de la Baltique ait subi une réduction plus forte même que celle que proposait lord John Russell, cependant la protection en faveur du Canada n’en est pas altérée ; bien au contraire, car sir Robert a en même temps dégrévé le bois colonial, tandis que lord Russell voulait l’élever. Cet exemple montre clairement par quel artifice le cabinet tory a su concilier l’intérêt du consommateur et celui des colons.

Il suit de là que sir Robert Peel est en mesure de refuser aux colonies la liberté du commerce. « Nous vous conservons la protection, leur dit-il, par d’autres chiffres, mais d’une manière tout aussi efficace. » Les whigs, au contraire, entraient dans la voie de l’affranchissement. Ils disaient aux colonies : « Le Royaume-Uni cesse d’être votre acheteur forcé, mais aussi il ne prétend plus être votre vendeur exclusif ; que chacun de nous se pourvoie selon ses intérêts et ses convenances. » Il est clair que c’était la rupture du contrat social. La métropole devenait libre de recevoir du bois, du sucre, du café d’ailleurs que des colonies ; les colonies devenaient libres de recevoir de la farine, des draps, des toiles, du papier, des soieries d’ailleurs que de l’Angleterre.

Le projet des whigs renfermait donc une pensée grande, féconde, humanitaire, qu’on regrette de ne pas retrouver, du moins au même degré, dans la réforme exécutée par