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pas été fait d’améliorations matérielles, nous en fait-on du moins espérer ? Non, on déchire ces proclamations enivrantes qui, dans la grande semaine, nous auraient fait verser jusqu’à la dernière goutte de notre sang. Chaque jour nous rapproche du passé que les trois immortelles journées devaient rejeter à un siècle loin de nous. S’agit-il de la loi communale ? on exhume le projet Martignac, élaboré sous l’influence d’une cour méticuleuse et sans confiance dans la nation. S’agit-il d’une garde nationale mobile ? au lieu de ces choix populaires qui doivent en faire la force morale, on nous jette, pour nous consoler, l’élection des subalternes, et l’on se méfie assez de nous pour nous imposer tous nos chefs. Est-il question d’impôts ? on déclare nettement que le gouvernement n’en rabattra pas une obole ; que s’il fait un sacrifice sur une branche de revenu il veut se retrouver sur une autre ; que le milliard doit rester intact à tout jamais ; que si l’on parvient à quelque économie, on n’en soulagera pas les contribuables ; que supprimer un abus serait s’engager à les supprimer tous, et qu’on ne veut pas s’engager dans cette route ; que l’impôt sur les boissons est le plus juste, le plus équitable des impôts, celui dont la perception est la plus douce et la moins coûteuse ; que c’est le beau idéal des conceptions fiscales ; qu’il faudrait le maintenir, sans faire aucun cas des clameurs d’une population accablée ; que si on consent à le modifier, c’est bien à contre-cœur, et à condition qu’au lieu d’une iniquité, on nous en fera subir deux ; que tous les transports seront taxés sans qu’il en résulte aucune gêne, aucun inconvénient pour personne ; que le luxe ne doit pas payer ; que ce sont les objets utiles qu’il faut frapper de contributions redoublées ; que la France est belle et riche, qu’on peut compter sur elle, qu’elle est facile à mettre à la raison, et cent autres choses qui font revivre le comte Villèle dans le baron Louis, et qui frappent d’un