Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rente augmente, par l’effet naturel de la prospérité publique, elle grève de moins en moins des produits plus abondants, absolument comme le chapelier ménage d’autant plus sa clientèle, qu’il est dans un milieu plus favorable au débit.

Croyez-moi, mes chers collègues, n’excitons pas légèrement le Journal des Économistes à repousser ces explications.

Enfin, le troisième et peut-être le plus grand tort, scientifiquement, de la théorie Ricardienne, c’est qu’elle est démentie par tous les faits particuliers et généraux qui se produisent sur le globe. Selon cette théorie, nous aurions dû voir, depuis un siècle, les richesses mobilières, industrielles et commerciales entraînées vers un déclin rapide et fatal, relativement aux fortunes foncières. Nous devrions constater la barbarie, l’obscurité et la malpropreté des villes, la difficulté des moyens de locomotion nous envahissant. En outre, les marchands, les artisans, les ouvriers étant réduits à donner une proportion toujours croissante de leur travail pour obtenir une quantité donnée de blé, nous devrions voir l’usage du blé diminuer, ou du moins nul ne pouvant se permettre la même consommation de pain, sans se refuser d’autres jouissances. — Je vous le demande, mes chers collègues, le monde civilisé présente-t-il rien de semblable ?

Et puis, quelle mission donnerez-vous au journal ? Ira-t-il dire aux propriétaires : « Vous êtes riches, c’est que vous jouissez d’un monopole injuste mais nécessaire ; et puisqu’il est nécessaire, jouissez-en sans scrupule, d’autant qu’il vous réserve des richesses toujours croissantes ! » — Puis vous tournant vers les travailleurs de toutes classes : « Vous êtes pauvres ; vos enfants le seront plus que vous, et vos petits-enfants davantage encore, jusqu’à ce que s’ensuive la mort par inanition. Cela tient à ce que vous subissez un