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exploitée. — Ces jours-ci, lisant quelques épreuves dans une imprimerie, il me tomba sous la main un livre où on nous accusait positivement d’être soudoyés par l’Angleterre ou plutôt par la Ligue. Connaissant l’auteur, je l’ai décidé à retirer cette absurde assertion, mais elle m’a fait sentir de plus en plus le danger d’avoir aucune relation financière avec votre société. Il m’est impossible de voir dans quelques abonnements que vous prendriez à nos écrits, pour les répandre en Europe, rien de répréhensible, et cependant je m’abstiendrai dorénavant d’en appeler à votre sympathie ; et indépendamment des raisons que vous me donnez, celle-là suffit pour me décider à me conformer sur cette matière au préjugé national.

Le mouvement Bordelais, quoiqu’il ait été assez imposant et précisément à cause de cela, nous créera, je le crains, bien des obstacles. À Paris on n’ose rien faire, de peur de ne pas faire autant qu’à Bordeaux. — Dès l’origine, j’avais prévu qu’une association, inaperçue d’abord, mais composée d’hommes parfaitement unis et convaincus, aurait de meilleures chances qu’une grande démonstration. Enfin, il faut bien agir avec les éléments qu’on a sous la main, et l’un des bienfaits de l’association, si elle se propage, sera to train les associés eux-mêmes. — Ils en ont grand besoin. La distinction entre droit fiscal et droit protecteur ne leur entre pas dans la tête. C’est vous dire qu’on ne comprend pas même le principe de l’association, la seule chose qui puisse lui donner de la force, de la cohésion et de la durée. J’ai développé cette thèse dans le Courrier français d’aujourd’hui et je continuerai encore.

Quoi qu’il en soit, un progrès dans ce pays est incontestable. Il y a six mois, nous n’avions pas un journal pour nous. Aujourd’hui, nous en avons cinq à Paris, trois à Bordeaux, deux à Marseille, un au Havre et deux à Bayonne. J’espère qu’une douzaine de pairs et autant de députés en-