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socialistes ; en un mot exiger ces deux principes, les obtenir de la nécessité, puisque nous n’avons pu les obtenir de la raison publique.

Ce projet, je le pousse partout. J’en ai parlé aux ministres qui sont mes amis ; ils ne m’ont guère écouté. Je le prêche dans les réunions de députés. J’espère qu’il prévaudra. Déjà les deux premiers actes sont accomplis ; restent les boissons. Le crédit en souffrira pendant quelque temps, la Bourse est en émoi ; mais il n’y a pas à reculer. Nous sommes devant un gouffre qui s’élargit sans cesse ; il ne faut pas espérer de le fermer sans que personne en souffre. Le temps des ménagements est passé. Nous prêterons appui au président, à tous les ministres, mais nous voulons les trois réformes, non pas tant pour elles-mêmes, que comme infaillible et seul moyen de réaliser notre devise : Paix et liberté.

Adieu, mon ami, reçois mes vœux de nouvelle année.


15 mars 1849.

Mon cher Félix, tes lettres sont en effet bien rares, mais elles me sont douces comme cette sensation qu’on éprouve quand on revoit après longtemps le clocher de son village.

C’est une tâche pénible que d’être et de vouloir rester patriote et conséquent. Par je ne sais quelle illusion d’optique, on vous attribue les changements qui s’opèrent autour de vous. J’ai rempli mon mandat dans l’esprit où je l’avais reçu ; mon pays a le droit de changer et par conséquent de changer ses mandataires ; mais il n’a pas le droit de dire que c’est moi qui ai changé.

Tu as vu par les journaux que j’avais présenté ma motion. Que les représentants restent représentants, ai-je dit, car si la loi fait briller à leurs yeux d’autres perspectives, à l’instant le mandat est vicié, exploité ; et comme il constitue l’essence même du régime représentatif, c’est ce régime