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LA DANSE N’EST PAS CE QUE J’AIME.

Souvent elle allait se réfugier sur un canapé, dans un joli boudoir qui terminait les vastes salons ; et là, elle essayait de se reposer quelques instants. Mais bientôt elle était interrompue dans son demi-sommeil par ces mots terribles :

— Mademoiselle, j’ai trouvé un vis-à-vis ; la contredanse va commencer.

Et puis revenait cet odieux refrain :

La chaîne anglaise !
Balancez à vos dames !
En avant deux !
La main droite !
La queue-du-chat !
La pastourelle !
Chassez les huit !

Quelquefois aussi, Aglaure allait rejoindre son père, qui jouait au whist dans le salon voisin ; elle prenait un air joyeux en s’approchant de lui.

— Êtes-vous heureux au jeu ce soir ? demandait-elle avec gentillesse.

— Oui, mon enfant, répondait M. Bremont ; mais comment n’es-tu pas encore couchée ?

— Oh ! c’est que je m’amuse beaucoup.

Alors, un danseur venait la chercher, et le même refrain reprenait :

La chaîne anglaise !
Balancez à vos dames !
En avant deux !
La main droite !
La queue-du-chat !
La pastourelle !
Chassez les huit !

« Chassez les huit ! » ce mot seul lui faisait plaisir à entendre… Du moins, c’était la fin, c’était un repos.