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MONSIEUR LE MARQUIS

souffert aussi, moi, et je n’en suis pas morte… C’est à son tour maintenant… Alors elle dit : — Je suis fâchée d’avoir promis d’aller à ce bal… L’Opéra me plaît ce soir… j’y voudrais rester.

Lionel la remercia. — Oh ! c’est un beau jour pour moi que celui-ci !…

Elle sourit amèrement.

— Vous vous moquez de moi, dit Lionel ; je suis devenu bien ridicule, n’est-ce pas ?… mais j’ai dans votre cœur une confiance opiniâtre que toute votre indifférence ne pourra m’ôter aujourd’hui…

— Gardez-la, répondit-elle, je ne cherche pas à vous l’ôter !

Ce mot fut dit d’une si étrange manière, que M. de Marny n’osa s’en réjouir.

— Oh ! que je suis malade ! fit tout à coup madame de Pontanges.

— Malade ! vous êtes fraîche comme une rose, ce que je ne vous pardonne pas.

— Rassurez-vous, cette fraîcheur est factice. J’ai mis du rouge pour la première fois… je suis décidée à tous les mensonges…

— Pas avec moi, puisque vous avouez celui-là.

— Hélas ! pas encore !

— Madame, dit M. Dulac en entrant dans la loge, on m’envoie vous dire que vous vous oubliez. Madame de B… est déjà sous le péristyle ; elle vous attend.

— J’ai promis de la conduire au bal… Je vous quitte… Adieu.

Et sa voix était troublée ; elle semblait en le quittant lui demander pardon… Son regard était plein de mélancolie et de bonté… C’est qu’elle pensait : « Pauvre Lionel, quel chagrin je vais lui faire ! mais il le faut… »

— Adieu, répéta-t-elle, à demain.

Elle s’appuya sur le bras de M. Dulac pour descendre l’escalier. Elle tremblait… elle eut peur un moment de se trouver mal.

Elle rejoignit madame de B… sous le péristyle. Tandis qu’elle attendait sa voiture, le prince vint lui parler.