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DE PONTANGES.

d’un souvenir contre sa pensée ; elle aime le monde : voulez-vous qu’elle vienne samedi au bal chez moi ?

Lionel fut révolté de cette proposition ; tant d’indifférence le blessait ; s’il avait lu dans le cœur de Laurence, il lui eût pardonné.

— Ma femme est malade, elle ne sort pas, dit-il sèchement.

— Ah ! c’est vrai, elle est grosse ; mais vous viendrez, vous, n’est-ce pas ?

— Oui, madame.

— Eh bien donc, à samedi.

M. de Marny s’éloigna. À peine fut-il sorti qu’il voulut retourner sur ses pas, revenir vers Laurence et lui parler encore de son amour ; mais le grand valet de chambre l’avait vu sortir, et déjà il ouvrait toutes les portes devant lui ; il n’y avait plus moyen de rester.

Lionel traversa donc tristement ces beaux et vastes salons qui lui rappelaient la différence de sa position près de Laurence. Oh ! comme il regrettait alors les inconvénients du séjour de Pontanges, comme il les préférait à cette richesse, à cette élégance qui ne portait en elle aucun souvenir. La grande salle à manger si humide, le vieux salon, sa froide chambre de Pontanges où il se sentait aimé, valaient bien mieux alors à ses yeux que cette demeure de princesse où il venait en étranger, où on le recevait comme une visite, d’où on le voyait s’éloigner sans lui dire tendrement : — À demain !

Lionel, si fier autrefois, comme il était humble aujourd’hui ! Ce n’était plus un élégant qui daignait quitter Paris pour aller séduire en province une jeune femme ennuyée et trop heureuse de l’attendre : c’était un jeune homme admis, par la faveur d’un souvenir, chez la femme la plus à la mode de Paris, inconnu presque de ses amies, étranger à sa société ; et Lionel se sentait mal à l’aise aujourd’hui auprès de cette Laurence chez qui il régnait en maître autrefois. Maintenant ils avaient bien changé de rôle. Le pis, c’est qu’il l’aimait et qu’elle ne l’aimait plus.

Cependant Laurence était inquiète, elle n’était pas contente d’elle :

— J’ai été bien coquette, se disait-elle, c’est mal, puisqu’il