Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/83

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et plus ensuite je modifierai mon genre, plus je m'assurerai vos éloges. Je vois qu'en effet vous m'écoutez avec plaisir. Vous tenez donc entre vos mains le sort de l'esquif. A vous, d'en arrondir et d'en déployer les voiles, afin qu'elles ne soient pas pendantes et lâches, ou fermées et repliées. Pour moi, j'aurai occasion d'appliquer le mot d'Aristippe, ce célèbre fondateur de la secte des Cyrénéens, ce disciple de Socrate (titre qu'il préférait lui-même). Un tyran lui demanda quel profit il avait retiré d'une si longue et si pénible étude de la philosophie ; Aristippe répondit : “C'est de pouvoir converser avec tous les hommes sans crainte et sans embarras.” J'aurai des expressions soudaines pour un sujet conçu soudainement. Je ferai comme quand il s'agit d'une muraille qu'il est nécessaire de construire à la hâte, et où l'on ne s'attache ni à jeter à la base des fondements massifs, ni à régulariser la façade, ni à la tirer au cordeau. Dans cette maçonnerie de paroles, je n'apporterai pas de ma montagne des pierres taillées d'aplomb, également aplanies partout, bien proportionnées et bien symétriques à toutes leurs arêtes ; mais je m'accommoderai aux besoins de la construction. Ici je mettrai des pierres inégales et raboteuses ; là j'en mettrai de bien polies et bien glissantes ; là d'autres, dont les angles ressortiront ; ailleurs,