Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/82

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XXIV. Vous qui avez voulu de moi une improvisation, acceptez d'abord cet essai ; plus tard, j'y donnerai suite. Si je ne me trompe, je ne risque rien en me risquant à improviser, puisque par des sujets préparés j'ai obtenu déjà vos suffrages ; et je ne crains pas de vous déplaire pour des frivolités, vous ayant satisfaits en plus grave matière. Il faut que vous me connaissiez sous tous les rapports ; et par ce barbouillage informe, comme dit Lucilius, vous jugerez si je suis le même quand je parle d'abondance, que quand je suis préparé. (Je m'adresse à ceux d'entre vous qui ne me connaissent pas encore ce talent.) Ces essais d'improvisation, vous ne les écouterez pas, bien entendu, avec plus de sévérité que je les ai écrits ; mais vous les accueillerez avec plus de complaisance que je n'en apporte encore à vous les lire. C'est du reste l'habitude ordinaire des gens sensés. Juges rigoureux en matière d'ouvrages médités longuement, ils sont portés à être faciles pour ce qui est impromptu. Un ouvrage écrit est livré à leur examen et à leur critique ; mais ce qui est dit d'abondance, ils l'écoutent et l'accueillent sans sévérité. Or, c'est justice ; puisque tout ce qui est écrit restera tel, même quand l'auteur ne le lira plus : tandis que des improvisations, que vous devez en quelque sorte vous partager exclusivement, seront toujours ce que les aura faites votre accueil ;