Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/71

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la somme que si, pour son début, il gagnait sa première cause. Evathlus étudie donc tous ces artifices oratoires destinés à séduire les juges, à donner le change à la partie adverse, à embarrasser une cause ; et comme d'ailleurs c'était un esprit rusé et naturellement astucieux, il n'eut pas de peine à tout apprendre. Puis, content de savoir ce qu'il avait désiré, il songea à se soustraire à l'exécution du pacte, faisant succéder adroitement mille délais les uns aux autres ; si bien qu'assez longtemps il ne voulut ni plaider ni payer. A la fin, Protagoras le cita devant les juges ; et après avoir exposé à quelles conditions il s'était chargé de l'instruire, il lui proposa ce dilemme : “Ou ce sera moi qui gagnerai, et alors tu devras me payer mes honoraires en vertu de cette condamnation ; ou ce sera toi, et tu ne devras pas moins me payer, aux termes de notre traité, puisque tu auras gagné ta première cause devant les juges. Par conséquent, si tu gagnes, tu es sous le coup de notre traité ; si tu perds, tu es sous celui de la condamnation. Qu'as-tu à dire ?”- Ces conclusions semblaient au tribunal aussi pressantes qu'invincibles. Mais Évathlus, en disciple consommé de ce maître astucieux, lui rétorqua le dilemme : “S'il en est ainsi, dit-il, dans aucun cas je ne vous dois ce que vous réclamez. En effet, ou je gagne, et le tribunal me renvoie de la plainte ; ou je perds, et je suis libéré par notre traité,