Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/70

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour parler de mes ouvrages, rien n'en fait partout monter plus haut le prix que l'approbation qu'ils reçoivent de juges tels que vous. Eh bien ! ces nombreux motifs de sympathie, en même temps qu'ils vous disposent favorablement à m'entendre, m'arrêtent au moment que je veux parler, et je célébrerais plus facilement vos louanges dans toute autre ville que devant vous : tant il est vrai qu'au milieu des siens chacun est gêné par sa modestie, et que la vérité n'est à son aise que chez les étrangers ! Aussi, constamment et partout je vous célèbre comme ceux à qui je dois l'instruction, et je ne manque jamais à m'acquitter de ma dette : en cela, je vous traite non pas comme Protagoras, qui fixa ses honoraires et ne les reçut pas, mais comme le sage Thalès, qui ne les fixa pas et les reçut... Je vois ce que vous demandez, et je vais raconter la double histoire de ces honoraires. Protagoras fut un sophiste d'une instruction extrêmement variée ; et son habileté oratoire lui mérita une place parmi les premiers inventeurs de la rhétorique. Né dans la même ville que le naturaliste Démocrite, il était son contemporain, et il s'instruisit à son école. On rapporte que ce Protagoras était convenu avec son disciple Evathlus d'honoraires considérables ; mais, par une clause imprudente, il avait stipulé que son élève ne lui paierait