Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/56

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me tordis si fortement le talon, que je faillis presque avoir l'articulation de la jambe arrachée. Cependant elle rentra en place, non sans conserver par suite de cette violence un gonflement qui dure encore. Ce n'est pas tout : pendant que je raccommode mon articulation avec d'énormes efforts et le corps tout trempé de sueur, un froid prolongé me saisit. De là, des douleurs aiguës d'intestins qui se sont apaisées tout juste au moment où j'étais sur le point de succomber à leur violence. Un instant de plus, et j'allais dormir dans la terre, avant de dormir dans mon lit ; je réglais mon compte avec la mort, avant de le régler avec les vivants ; je terminais ma vie avant mon histoire. Mais aussitôt que les eaux Persiennes, par leur douce température et leur propriété lénitive, m'eurent rendu la faculté de marcher ; bien que ma jambe ne pût encore que me soutenir faiblement, je la trouvai assez solide pour seconder mon impatience. Je revenais donc auprès de vous accomplir ma promesse ; et c'est dans cet intervalle que votre bienfait non seulement m'a guéri de ma luxation, mais encore m'a rendu plus ingambe. Et comment n'eussé-je pas fait diligence, quand il s'agissait de vous remercier mille fois d'un honneur que je