Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/47

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statue de Bathylle, placée au devant de l'autel et dédiée par le tyran Polycrate : je crois n'avoir rien vu de plus achevé. Quelques-uns pensent, mais ils se trompent, que c'est la statue de Pythagore. Figurez-vous un adolescent d'une beauté admirable ; ses cheveux, séparés bien également sur son front, reviennent en bandeaux sur ses tempes, et leurs boucles ondoyantes tombent en touffes d'ébène sur le derrière de sa tête et jusque sur ses épaules. Son cou est arrondi gracieusement ; le bas de sa figure, bien fourni ; ses joues sont potelées, et au milieu de son menton on voit une petite fossette. Son attitude est exactement celle d'un joueur de cithare : les yeux fixés sur la déesse, on dirait qu'il chante. Il est vêtu d'une tunique peinte de toutes sortes de broderies et qui lui tombe jusque sur les pieds ; il a une écharpe à la grecque. Les manches de sa chlamyde lui recouvrent les deux bras jusqu'au poignet ; les autres parties de ce vêtement pendent en plis gracieux. Sa cithare, qui tient à un baudrier élégamment ouvragé, est en même temps soutenue et assujettie. Ses mains sont tendres, effilées. La gauche touche les cordes en écartant les doigts ; la droite fait le geste d'un musicien qui approche l'archet de l'instrument et qui s'apprête à l'en frapper quand la voix cessera de chanter ; ce chant lui-même paraît presque couler de cette bouche arrondie et de ces jolies lèvres à moitié entrouvertes par un doux effort. Cette statue peut bien encore être celle d'un des jeunes favoris du tyran Polycrate, qui, pour lui plaire, soupire un chant anacréontique ; mais il s'en