Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/44

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prononce absolument rien que ce qu'on lui apprend. Enseignez-lui des grossièretés, il dira des grossièretés ; jour et nuit, ce sera un feu roulant d'injures, qui seront pour lui comme des vers et qu'il redira en guise de chansons. Quand il a débité toute la kyrielle d'injures qu'il sait, il recommence encore ; et c'est toujours le même refrain. Si vous voulez vous débarrasser de ce langage des halles, il faut lui couper la langue, ou le renvoyer au plus tôt dans ses forêts.

Chapitre 13

XIII. Car l'éloquence que la philosophie m'a prodiguée n'a aucun rapport avec le chant accordé par la nature à certains oiseaux. Ceux-ci ne le font entendre que peu de temps et pendant certaines parties du jour : l'hirondelle, le matin ; la cigale, à midi ; la chauve-souris, à la brune ; le chat-huant, le soir ; le hibou, la nuit ; le coq avant le lever du soleil. Ces animaux semblent se concerter entre eux, à en juger par les différents tons dans lesquels ils l'exécutent : le coq a un cri qui réveille, le hibou gémit, le chat-huant se plaint, la chauve-souris roucoule, la cigale bourdonne, l'hirondelle siffle. Mais pour le philosophe, sa sagesse et son éloquence sont de tous les instants. Vénérable pour ceux qui l'écoutent, utile à ceux qui la comprennent, sa voix sait prendre tous les tons.

Chapitre 14

XIV. A force d'entendre prêcher ces maximes et d'autres