Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/40

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on peut acquérir cette gravité aimable, cette douce austérité, cette fermeté pleine de calme, cette énergie qui n'exclut pas l'humanité ? Je ne sache aucun proconsul qui ait inspiré à la province d'Afrique plus de respect et moins de terreur. Jamais, si ce n'est durant votre année, le sentiment de l'honneur ne prévalut sur la crainte pour arrêter le crime. Nul autre, avec pareille puissance, ne fut plus souvent utile, plus rarement redouté. Personne n'amena un fils qui lui ressemblât davantage par sa vertu. Aussi aucun des proconsuls n'a-t-il résidé plus longtemps à Carthage : car, à l'époque même où vous faisiez le tour de la province, comme Honorinus nous était resté, nous avons moins senti votre absence, quoique nos regrets dussent en devenir plus amers. Nous retrouvions dans le fils l'équité paternelle, la sagesse d'un vieillard dans un jeune homme, l'ascendant d'un consul dans un lieutenant. Enfin il retrace et représente si bien toutes vos vertus, qu'en vérité le père serait plus louable dans la personne de son fils que dans la sienne, si ce n'était vous qui nous l'eussiez donné tel ; et plût aux dieux qu'il nous fût permis de jouir de lui constamment ! Qu'avons-nous besoin de ces successions de proconsuls ? Pourquoi les années sont-elles si courtes ? les mois, si rapides ? Qu'ils s'échappent avec célérité, les jours où l'on possède les gens de bien ! qu'elle s'écoule promptement, la magistrature des proconsuls vertueux ! Voilà déjà, Severianus, que vous emportez