Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/38

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Sans doute, je loue moi-même Hippias ; mais si je me pique de reproduire la fécondité de son génie, c'est plutôt par mon instruction que par mon adresse à fabriquer une quantité d'ustensiles. J'avoue que je suis moins habile que lui dans les arts sédentaires. J'achète mon drap dans les fabriques, mes chaussures chez le cordonnier : pour un anneau, je n'en porte pas ; les pierreries et l'or, je n'en fais pas plus de cas que si c'était du plomb ou des cailloux ; les étrilles, les vases à parfums, les autres objets de bain, je me les procure dans des boutiques avec mon argent. Enfin, et je ne prétends pas le moins du monde le nier, je ne sais me servir ni du compas, ni de l'alène, ni du tour, ni d'autres outils semblables. J'avoue qu'à ces instruments je préfère une simple plume à écrire ; mais avec cette plume je compose des poèmes de toute espèce, des vers propres à être accompagnés par l'archet de la cithare comme par les doigts du joueur de lyre, dignes du cothurne aussi bien que du brodequin comique. C'est peu : satires et griphes, histoires diverses, harangues vantées par les hommes éloquents, dialogues loués par les philosophes, j'écris tout, et cela en grec aussi bien qu'en latin, avec une pareille complaisance, une même ardeur, une semblable facilité. Tout ce tribut littéraire, que ne puis-je vous l'offrir, honorable proconsul, non isolément et par lambeaux, mais au complet et dans son ensemble ! Que ne puis-je attirer sur l'universalité