Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/351

Cette page n’a pas encore été corrigée

lois qui leur ont à jamais tracé leur route, quelle que soit pour chacun d'eux la diversité des temps et des espaces.

Chapitre 34

Tout ce qui est sur la terre subit des changements, des transformations, et finit en dernier lieu par s'anéantir. D'effroyables tremblements de terre font éclater le sol, des villes sont englouties avec des peuples ; c'est du moins ce que nous avons cent fois entendu dire. Nous savons également que des torrents de pluie ont noyé des contrées entières ; des pays qui d'abord étaient des continents ont été par l'incursion des flots d'une mer étrangère changés tout à coup en des îles ; d'autres terrains dont la mer s'éloignait sont devenus accessibles au pied de l'homme. Parlerai-je de ces cités que l'on se rappelle avoir été renversées par des vents et des orages ; de ces incendies qui éclatèrent au sein des nues, lorsque, par exemple, toutes les contrées de l'Orient périrent dans une conflagration générale à la chute de Phaéthon ? Dans les contrées de l'Occident, des feux qui jaillissaient pour couler ensuite en ruisseaux de laves, occasionnèrent les mêmes désastres. Que de fois des sommets de l'Etna qui brisait ses fournaises, des fleuves de feu semblables à un torrent descendu du ciel se précipitèrent le long des flancs de la montagne ! Dans ces scènes de péril on vit éclater des traits sublimes d'héroïsme dont le souvenir est venu jusqu'à nous. Des fils, que d'abord le bruit avait effrayés, toujours sensibles cependant à