Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/347

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assigné à notre globe des lois immuables pour le vaste mouvement de son ensemble ; il l'a éclairé de constellations brillantes, il l'a enrichi de productions, tantôt visibles, tantôt cachées dans la terre ; et ensuite, comme déjà je l'ai dit, il lui a ordonné de se mouvoir suivant une impulsion unique qu'il lui a imprimée. On peut se figurer en quelque sorte le tableau d'une action militaire. Voyez quand la trompette a fait retentir ses belliqueux accents : l'un ceint le glaive, l'autre prend son bouclier ; celui-ci se revêt de sa cuirasse, celui-là couvre son chef d'un casque ou ses jambes de cuissards ; il y a des écuyers qui font manoeuvrer leurs montures, des conducteurs qui dirigent l'attelage d'un char ; tous, enfin, se livrent à différents détails spéciaux. Mais déjà une escarmouche de vélites s'organise, les officiers s'occupent de former les rangs, les cavaliers se placent aux ailes, les autres soldats occupent le poste qui leur est assigné ; et cependant il n'y a qu'un seul chef, aux ordres duquel obéit toute l'armée ; placé à la tête, c'est lui qui a le commandement souverain. Il n'en est pas autrement de l'organisation des choses divines et des choses humaines ; un régulateur unique préside à l'ensemble, et chaque détail obéit aux lois qui lui sont assignées, sans que la main vigilante et forte qui maintient tout soit visible à d'autres regards qu'à ceux de l'intelligence.

Chapitre 31

Toutefois, cette intangibilité de la force motrice ne l'empêche pas plus d'opérer