Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/335

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ses membres ne le soient pas ; c'est le centre de mille natures qui tendent à différentes destinations, de spécialités aboutissant à des fins et à des résultats divers. Par une association remarquable, les principes les plus opposés se modifient entre eux, les dissonances concourent à une seule et même harmonie.

Chapitre 20

Ainsi, le sexe masculin et le féminin s'accouplent, et les deux sexes contraires produisent un animal semblable à l'un d'eux. La peinture, avec ses couleurs discordantes, noires, blanches, jaunes, écarlates, qu'elle sait habilement fondre ensemble, fait des images semblables aux modèles qu'elle imite. La musique, formée de brèves et de longues, de sons aigus et de sons graves, de voix si diverses et si discordantes, rend une harmonie parfaite. Voyez encore, je vous prie, le procédé de l'écriture : elle se compose de différentes lettres, les unes consonnes, les autres demi-consonnes, les autres voyelles ; et cependant, grâce au mutuel secours qu'elles se prêtent, ces lettres composent des syllabes, et les syllabes, des mots. C'est ce qu'Héraclite exprime en ces termes, où l'on trouve son obscurité ordinaire : “Supposez réuni ce qui est sain et ce qui ne l'est pas, ce qui est concordant et ce qui est discordant ; voyez une seule chose dans tout, et tout dans une