Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/29

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il y ait également une variété remarquable dans les naturels du pays, soit ; mais j'éprouve plus d'intérêt à parler des prodiges opérés par les hommes, que des merveilles de la nature. Chez les Indiens donc, il y a une race qui ne sait rien autre chose que faire paître des boeufs : aussi les a-t-on surnommés les Bouviers. Il y en a d'autres qui sont habiles à faire les échanges de marchandises ; d'autres qui affrontent intrépidement les combats, soit de loin avec la flèche, soit de près avec l'épée. Il y a, de plus, une classe qui chez eux jouit de la prééminence : on les nomme les Gymnosophistes. Ce sont eux que j'admire par dessus tous les autres, parce que ce sont des hommes habiles, non à propager la vigne, à greffer les arbres, à tracer des sillons ; ils ne savent point cultiver un champ, couler le vin, dompter un cheval, soumettre un taureau, tondre ou faire paître une brebis, une chèvre. Eh bien, quoi donc ? Une science pour eux remplace toutes celles-là : ils cultivent assidûment la sagesse, maîtres comme disciples, jeunes comme vieux. Ce qui me paraît chez eux éminemment louable, c'est qu'ils détestent l'engourdissement de l'esprit et l'oisiveté. C'est pour cela que, quand on a dressé la table, avant que les plats soient servis et quand tous les jeunes gens ont quitté leurs demeures et leurs différentes occupations pour le repas, les maîtres leur demandent ce qu'ils ont fait de bien depuis le lever du soleil jusqu'