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sur ses tempes et sur son front ; son corps est de toute beauté ; ses membres sont éblouissants ; sa bouche prédit l'avenir ; préférez-vous la prose ou les vers ? il possède dans les deux langues une égale facilité. Parlerai-je de son vêtement, dont le tissu est si délicat, l'étoffe si moelleuse, la pourpre si rayonnante ? de sa lyre, où brillent l'éclat de l'or, la blancheur de l'ivoire, les reflets pétillants des pierreries ? de la méthode savante et gracieuse de son chant ? Tous ces agréments, disait-il, loin de rehausser le mérite, ne conviennent qu'à la mollesse. Moi, c'est ma propre personne qui fait par elle-même ma plus belle gloire.” Les Muses éclatèrent de rire en entendant reprocher au dieu un genre de griefs dont tout homme sensé se féliciterait ; et quand le joueur de flûte, succombant dans le défi, eut été écorché comme un ours à deux pieds, elles le laissèrent sur la place, les entrailles dépouillées et en lambeaux. C'est ainsi que Marsyas fut puni d'avoir joué et de s'être laissé vaincre. Pour Apollon, une victoire aussi obscure lui fit honte.

Chapitre 4

IV. Il y avait un joueur de flûte, nommé Antigénidas, qui cadençait toutes sortes d'accords avec une douceur parfaite et qui savait aussi produire habilement tous les modes que l'on désirait : l'éolien si simple, l'iasien varié, le plaintif lydien, le religieux