Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/24

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ou le lièvre timide, ou tout autre créature vivante que le hasard vient d'offrir à sa faim ou à sa férocité.

Chapitre 3

III. Hyagnis fut, à ce que nous apprennent les traditions, le père et le maître du joueur de flûte Marsyas. Dans l'enfance de la musique, seul il maniait les instruments à vent avec quelque supériorité. Non pas toutefois qu'il sût en tirer des accords aussi flexibles, des modulations aussi variées qu'elles le sont aujourd'hui, ou qu'il connût la flûte à plusieurs trous : puisque cet art, tout récemment découvert, ne faisait encore que de naître (et rien pourrait-il dès son début atteindre à la perfection ? dans tout à peu près, ne faut-il pas s'en tenir à l’espoir et aux éléments, avant d'avoir conquis les résultats de la pratique et de l'expérience ?). Mais enfin, avant Hyagnis, la plupart ne savaient, comme le pâtre ou le bouvier de Virgile, "Que fausser tristement sur un aigre pipeau". Et si quelqu'un passait pour être allé un peu plus loin dans son art, il s'en tenait toujours néanmoins à la coutume d'emboucher une seule flûte, comme on fait d'une trompette. Le premier, Hyagnis dédoubla ses mains en jouant ; le premier, il anima deux flûtes à la fois ; le premier, au moyen de trous à gauche