Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/235

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principes sont d'accord avec la vie pratique la plus exemplaire, et la base de sa conduite est l'observance absolue de la justice. Le sage est encore, selon lui, d'un courage à l'épreuve, attendu que par sa fermeté d'âme il est préparé à tout souffrir ; et c'est sous ce point de vue que Platon appelle le courage le nerf, et en quelque sorte la moelle épinière de l'âme, de même qu'il regarde la lâcheté de l'âme comme une véritable infirmité. Il estime que le sage seul est riche ; et il a tout à fait raison, puisqu'en possédant les vertus le sage paraît posséder des richesses plus précieuses que tous les trésors du monde. Et d'ailleurs, comme le sage seul peut indiquer la route à suivre dans les occasions nécessaires, il ne peut manquer de paraître le plus riche ; car, quelle que soit l'opulence des autres, toujours est-il que, faute d'en connaître l'usage ou parce qu'ils les appliquent de la manière la plus extravagante, ils semblent être dans l'indigence. La pauvreté d'ailleurs tient moins à l'absence de l'or qu'à la présence de désirs immodérés. Quelle sera la conduite du philosophe qui veut ne manquer de rien, s'endurcir à tout, se montrer supérieur aux épreuves que les hommes regardent comme pénibles à supporter ? Son étude constante doit être de tenir l'âme séparée du corps ; et c'est en ce sens qu'il devra regarder la sagesse comme un état de mort, comme un moyen de s'habituer à mourir.

Chapitre 22