Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/234

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plus enorgueilli par la prospérité qu'il n'est abattu par le malheur ; car il se sent pourvu de ressources dont aucune violence ne saurait le priver. Un tel homme s'abstiendra non seulement de faire le mal, mais encore de le rendre. En effet, il ne regarde comme outrageantes ni les injures du méchant ni toutes autres, par cela seul qu'il peut leur opposer une résignation patiente et ferme. Une loi de la nature a gravé dans son âme cette vérité, que rien de ce que le vulgaire croit être du mal ne saurait nuire au sage, et conséquemment, fort de sa bonne conscience, il goûte une sécurité, un calme qui ne l'abandonne pas durant toute sa vie ; d'abord parce qu'il explique ce qui lui arrive selon les théories d'un optimisme absolu, ensuite parce que nul événement n'excite en lui trouble ou colère, et qu'il est convaincu que le soin de sa destinée appartient aux dieux immortels. Pareillement, lorsqu'approche le jour de la mort, il l'attend avec sérénité et sans angoisse, parce qu'il a foi en l'immortalité de l'âme. Dégagée des liens du corps, l'âme, il le sait, retourne au sein des dieux ; et, grâce aux mérites d'une vie chaste et irréprochable, cette vie mortelle même est une épreuve qui lui assure la béatitude céleste.

Chapitre 21

Le sage reçoit encore de Platon le titre d'homme parfait ; notre philosophe proclame sa bonté, sa prudence ; et c'est avec raison, car ses