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non nécessaires. C'est ce que Platon a nommé amour du gain et chasse aux honneurs. Le penchant à la démocratie existe lorsque les passions, traitées avec trop d'indulgence, non seulement s'enflamment de désirs légitimes, mais encore s'élancent comme au-devant de ces désirs, de façon que la partie qui doit conseiller l'irascible subisse au contraire sa loi. La tyrannie fait de l'âme comme une ville toute pleine de divagations et de désordres, dominée par l'ascendant de plaisirs aussi nombreux qu'illicites.

Chapitre 16

Mais le dernier degré de dépravation est représenté par l'être aussi ignoble que redoutable qui se déclare contempteur des dieux. Un tel monstre, dit Platon, mène une existence hors de toute règle, une existence subversive de toute humanité et de toute société ; il ne peut sympathiser ni avec ses proches ni avec lui-même, et ainsi il est non seulement l'ennemi des autres, mais encore le sien propre. Ce n'est pas seulement des autres, c'est encore de lui-même qu'il se constitue l'adversaire, et conséquemment, dans un tel état, il n'est pas ami des gens de bien ; il ne l'est de personne, ni même de lui. Ce degré extrême de la dépravation est celui au-delà duquel il semble que rien ne puisse s'élever. Un homme ainsi réprouvé ne saurait se tirer d'affaire dans le commerce habituel de la vie, d'abord à cause de son impéritie, ensuite parce qu'il ne se connaît pas lui-même, et que la dépravation consommée jette le