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la passion pour les corps seuls ; comme si l'homme n'existait que dans ce qu'il offre aux regards ! De telles pestes des âmes, Platon défend qu'on les appelle même des amitiés, parce qu'elles ne sont pas mutuelles, et qu'elles ne sauraient être payées de retour, puisque celui qui aime ne saurait se faire aimer ; puisqu'en outre elles n'ont pas de constance, pas de durée, et que le résultat où aboutit un semblable commerce est toujours le dégoût et le repentir.

Chapitre 14

Platon compte trois espèces d'amour : le premier est l'amour divin, s'alliant à la pureté de l'âme et avec la vertu raisonnée, lequel n'amène jamais les remords ; le second est d'une âme dégénérée, et a pour but la volupté la moins pure ; le troisième, mélange des deux précédents, tient moitié à l'âme, moitié aux sens. Les âmes les plus impures à leur tour n'obéissent qu'aux plaisirs sensuels ; elles n'ont qu'un but, celui de jouir des corps et d'assouvir leur ardeur par les voluptés et les jouissances du corps. D'autres âmes, douées d'un instinct de noble préférence, aiment les âmes de gens de bien, s'attachent à elles, voudraient faire en sorte de les constituer le plus possible sur de salutaires principes et de les élever au point le plus haut d'excellence et de supériorité. Les âmes moyennes tiennent des deux natures : sans se priver complètement des jouissances du