Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/225

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qui s'y applique qu'elle doit être appelée honorable ; car nous ne qualifions d'honnête que ce qui est bien, comme de honteux que ce qui est mal. Et en effet, ce qui est honteux ne saurait être un bien. L'amitié, selon Platon, est essentiellement sociable, et consiste dans les sympathies ; elle est réciproque, et c'est un échange de rapports délicieux quand il y a retour égal de part et d'autre. Précieux effets de ce sentiment ! L'ami désire que celui qu'il aime jouisse comme lui de la prospérité. Mais une pareille union ne saurait exister que si des analogies de caractère motivent de part et d'autre une égale tendresse. Car comme les natures semblables s'enchaînent par des liens qu'on ne saurait détacher ; de même celles qui diffèrent ne sauraient s'unir et former entre elles des amitiés. Les haines funestes, de leur côté, sont produites par une malveillance qui prend sa source dans l'incompatibilité des humeurs, dans la distance des rangs, dans la divergence des opinions et des systèmes. Platon établit qu'il existe encore d'autres espèces d'amitiés, les unes formées à l'occasion du plaisir, les autres par une loi impérieuse de nature : l'amour de ses proches et de ses enfants tient à cette dernière. Il en est une autre qui est indigne du caractère honorable de l'homme et qu'on appelle vulgairement amour : c'est une concupiscence effrénée, dont la violence inspire de