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les maladies ? De même le type de la dernière démence ne serait-il pas un homme qui des yeux de l'âme verrait la beauté de la vertu, qui par l'expérience et par le raisonnement reconnaîtrait son utilité, qui n'ignorerait pas tout le déshonneur et tous les désastres qui naissent du contact des vices, et qui pourtant préférerait s'y vouer ?

Chapitre 12

La santé du corps, la vigueur, l'exemption des souffrances et tous les autres biens extérieurs de ce genre, comme encore les richesses et tous les autres avantages que nous attribuons à la fortune, ne doivent donc pas être appelés biens d'une manière absolue. Car si tout en les possédant on en abdique l'usage, ils seront inutiles : d'un autre côté, si on les applique à une direction coupable, ils iront même jusqu'à paraître nuisibles. Enfin si on en abuse, on s'exposera à tomber dans les vices ; et comme l'état d'avoir des vices est incompatible jusqu' au dernier moment avec l'état de jouir de ces biens, il faut rigoureusement en conclure que ces derniers ne méritent pas leur nom d'une manière absolue. D'un autre côté, ce qui constitue une souffrance, comme la pauvreté et. les autres situations de ce genre, ne doit pas être regardé absolument comme mal. En effet qu'un homme possède une très médiocre fortune, s'il sait régler ses dépenses il n'éprouvera aucun dommage ; et celui qui sait habilement ménager sa pauvreté, non seulement ne se trouvera jamais dans la gêne, mais deviendra plus ferme et plus capable de supporter les autres incommodités. Si donc