Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/222

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elle dépend de nous, et doit réunir tous les efforts de notre volonté. Les vices ne tiennent pas moins à notre libre arbitre, ne sont pas moins placés en nous ; mais cependant ce n'est pas notre volonté qui nous les impose. En effet. qu'un homme s'applique à la contemplation de la vertu, il se sera bientôt profondément convaincu qu'elle est bonne, que son excellence est incontestable, qu'elle mérite tous efforts et toute recherche pour elle-même. Que d'un autre côté il étudie les conséquences du vice, il reconnaîtra que non seulement pour l'estime personnelle, mais encore sous d'autres considérations, il est extrêmement préjudiciable. Comment donc concevoir alors que cet homme en subisse spontanément le joug ? C'est que, tout en suivant la voie où l'engagent ses passions, tout eu courant après les jouissances dont il espère qu'elles le feront jouir, il est alors même séduit par un fantôme de bien et qu'il se précipite dans le mal avec une sorte de calcul. Car enfin aurait-on le sens commun si, tout en reconnaissant la dissemblance de la pauvreté et de la richesse, tout en ayant les facilités d'échapper à une pauvreté qui n'aurait rien d'honorable et d'obtenir au contraire une opulence qui n'aurait rien d'infamant, on allait préférer à celle-ci la privation complète de tout ce qui est nécessaire ? Pour aller plus loin encore dans l'absurde, concevrait-on un homme qui dédaignât la santé du corps et lui préférât