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là des objets peu frappants ; et pour un petit nombre de voyageurs qui les cherchent et les adorent, les autres qui ne les connaissent point ont bien vite passé au-delà.

Chapitre 2

II. Mais telle n'était pas l'opinion de mon maître Socrate. Ayant remarqué un jeune homme d'une très belle figure, qui restait longtemps sans prononcer un seul mot : “Pour que je te voie, dit-il, parle un peu.” C'est que, dans l'opinion de Socrate, c'était ne pas voir un homme que de ne pas l'entendre parler. Il était en effet convaincu que ce n'est point avec les yeux du corps, mais avec le regard de l'esprit et le coup d'oeil de l'intelligence, qu'il faut considérer les hommes ; et en cela il ne s'accordait point avec ce soldat de Plaute, qui dit : "Mieux vaut pour témoignage un oeil que dix oreilles". Lui, au contraire, appliquait à l'étude de l'homme ce vers ainsi retourné : "Préfère en témoignage une oreille à dix yeux". Du reste, si les jugements des yeux devaient prévaloir sur ceux de l'esprit, il faudrait évidemment le céder à l'aigle pour la sagesse. Nous autres hommes, en effet, nous ne pouvons distinguer