Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/198

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loin de penser pourtant que tout doive être rapporté à l'empire du destin ; mais il croit qu'il y a quelque chose qui dépend de nous, et quelque chose aussi qui dépend de la fortune. Il avoue que les catastrophes imprévues de la fortune sont ignorées de nous, parce que, d'ordinaire, des contretemps irréguliers et soudains viennent se jeter au travers des entreprises les mieux raisonnées et les mieux combinées, pour les empêcher d'arriver à leur fin. Dans le cas où ces incidents proviennent d'une manière utile, cela s'appelle du bonheur ; si au contraire ce sont des obstacles, on dit que c'est du malheur. Mais, de toutes les créatures terrestres, la providence n'a rien créé de supérieur à l'homme.

Chapitre 13

Aussi Platon dit-il avec justesse, que l'âme humaine est la reine du corps. Il existe, selon lui, trois parties de l'âme : le principe raisonnable, à savoir la portion la plus noble, dont le siège est dans la tête ; le principe irascible, qui loin de la raison réside dans le coeur, lequel principe doit obéir à la sagesse et ne répondre qu'à ses appels ; la passion et les appétits sont la dernière portion de l'âme, et occupent les régions inférieures de l'abdomen, espèces de tavernes, de latrines sombres où résident le désordre et la luxure. Si cette partie a été reléguée si loin de la sagesse, il semble que ce soit de peur qu'importunée