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dans son étendue ; et comme la sienne, en effet, ne l'est pas, il est permis de l'appeler infinie. La matière est-elle corporelle ? est-elle incorporelle ? Il n'accorde ni l'un ni l'autre. Il ne la croit pas corps, parce que tout corps ne saurait se passer d'une apparence quelconque : il ne peut pas non plus dire qu'elle soit sans corps, parce qu'un corps ne présente rien d'incorporel. Si donc quelque considération la lui fait regarder comme corporelle, c'est la force des choses et le raisonnement. Mais par le fait seul et par le seul témoignage des sens, on ne saurait arriver à cette dernière croyance ; en effet les corps, en raison de leur évidence matérielle, sont reconnus au moyen d'un jugement qui lui-même est en quelque sorte matériel ; tandis que ce qui n'a pas une substance corporelle n'est vu que par la pensée. Il faut donc, selon lui, combiner ces deux opinions, et admettre que l'essence de la matière est ambiguë.

Chapitre 6

Pour les idées, autrement dit les types de toutes choses, elles sont simples, éternelles, immatérielles. C'est dans leur nombre que Dieu a pris les modèles de ce qui existe ou qui existera. Entre ces différents modèles on ne peut trouver qu'une seule apparence pour chaque création ; et tout ce qui naît est comme une cire molle qui reçoit de l'empreinte de ces types sa conformation et sa figure. Il existe deux essences, g-ousias, comme il les nomme,