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Chapitre 5

Platon pense qu'il existe trois principes de toutes choses, à savoir : Dieu, la matière, et les formes des choses qu'il appelle encore idées, lesquelles ne sont qu'ébauchées, informes, n'ayant ni apparence ni qualités précises et caractéristiques. Son opinion sur Dieu, c'est qu'il est incorporel. Lui seul, dit-il, est incommensurable, g-aperimetros ; c'est lui qui est le créateur de l'univers, qui embellit toutes choses ; toute béatitude réside en lui et part de lui : il est essentiellement parfait ; il n'a besoin de rien, et c'est lui qui donne tout. Il l'appelle être céleste, être ineffable, être sans nom, g-aoraton, g-adamaston. Il ajoute qu'il est difficile de découvrir sa nature, et que si on y est parvenu on ne saurait la révéler au milieu de beaucoup d'hommes. Ce sont les termes mêmes de Platon : g-theon g-heurein g-te g-ergon, g-heuronta g-te g-eis g-pollous g-ekpherein g-adynaton. Pour la matière, il déclare qu'elle est incréable, incorruptible : n'étant ni feu, ni eau, ni tout autre principe ou élément parfait ; mais que, de ce qui existe, c'est elle qui est avant tout capable de prendre une figure et susceptible d'être modifiée. Primitivement informe et sans configuration caractéristique, elle reçoit de Dieu, l'artiste par excellence, sa conformation générale. Platon la nomme infinie, parce que sa grandeur ne connaît point de bornes. Car le propre de l'infini, c'est de n'être pas borné