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d’autres écoles dont je vous fais grâce, m’en tenant aux principales.

Dans toutes ces théologies, il y a tant d’érudition, tant de difficultés, qu’à mon sens les apôtres auraient besoin d’une nouvelle descente du Saint-Esprit pour y entendre quelque chose. Certes, Paul était touché par la foi, mais lorsqu’il a dit : « La foi est la substance de ce que nous devons espérer : la preuve de ce qui ne tombe pas sous les sens, » sa définition est bien peu magistrale. La charité de cet apôtre ne peut être mise en doute ; mais qu’il se montre triste dialecticien dans la division et la définition qu’il donne de cette vertu dans son Épître aux Corinthiens, chapitre 13 ! Les apôtres célébraient avec quelque sainteté les mystères ; mais ils eussent été bien embarrassés d’expliquer ce qui se cache sous les expressions a quo et ad quem ; de démontrer la transsubstantiation, la façon dont le même corps peut exister simultanément en plusieurs endroits, la différence qu’il y a entre le corps du Christ au ciel, sur la croix et dans l’Eucharistie ; le moment précis de la transsubstantiation, et comment il est possible qu’elle se fasse dans un instant, puisque les paroles en vertu desquelles elle s’opère forment une quantité concrète, dont chacune des parties se succède dans le temps. Toutes choses que les Scottistes distinguent et définissent facilement, mais qui eussent été évidemment lettres closes pour les apôtres. Ils avaient connu en chair et en os la mère du Christ ; nonobstant, en est-il un seul qui démontrât aussi bien que nos théologiens comment elle fut préservée du péché