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tendre un baiser. Eléonore crut apparemment que c’était là les plaisirs du couvent. Elle rendit les baisers tendrement, comme ils étaient donnés.

Cependant, vers cet endroit que je n’ose nommer, et qu’une religieuse ne doit jamais toucher, s’approchait le corps aérien. Probablement un Sylphe est fait autrement qu’un humain. Une certaine partie de lui-même, que je ne puis dépeindre, vint chercher ce bouton mystérieux si bien caché par la nature. La langue d’un tendre amant est moins douce, moins agile, moins légère ; ses lèvres sont moins ardentes moins amoureuses.

Eléonore se livrait à cette charmante sensation. Ses soupirs, ses mouvemens convulsifs, annonçaient son bonheur. Son âme, trop faible pour soutenir une émotion si vive, était prête à l’abandonner. Elle se sen-