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sation, jouissait du sentiment de son existence.

Les beaux yeux d’Eléonore, se remplissaient d’eau : sa vue troublée ne distinguait aucun objet ; un leger balancement animait presque toutes les parties de son corps, et répandait dans tous ses sens l’émotion de son âme. Le faquir, l’illuminé, le bonze, qui, l’attention fixée sur un seul point, concentre son être ; son existence en lui-même n’est pas plus détachée de tout objet extérieur qu’était alors la belle religieuse. Plongée dans une brûlante extase, elle jouissait d’un bonheur qu’on ne peut définir. Il consiste dans une union parfaite et des sens et de l’ame fixée sur une seule idée qui l’occupe, la remplit toute entière sans se diviser en aucun détails, sans se joindre, se lier à rien de ce qui est, fût, ou pourrait être.

  
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