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VIII

Comment une causerie de jeune fille se termina par un sanglot.

Cartagena de las Indias, ou Carthagène, ainsi que la nomment simplement les Français, est une des villes les plus heureusement situées du nouveau monde.

Du reste, les Espagnols possédaient un tact et un coup d’œil infaillible pour choisir l’emplacement des cités qu’ils fondaient à chacune de leurs stations sur les côtes américaines ; et, à part quelques légères erreurs sans importance, presque toutes les villes qu’ils ont élevées ainsi en courant à la recherche de l’or, seul but de leurs audacieuses expéditions, s’élèvent encore, riches et puissantes pour la plupart, dans leurs positions premières, malgré les changements de toutes sortes qui depuis sont survenus.

Carthagène fut fondée en 1533, par don Pedro de Heredia, sur un îlot sablonneux dans le détroit formé à son embouchure par le rio Magdalena ; cette ville possède un des ports les plus beaux et les plus sûrs de toute l’Amérique ; il servit longtemps de refuge aux galions qui, chargés des richesses de l’océan Pacifique, transportées à dos de mule à travers l’isthme de Panama, ne se trouvaient pas en sûreté à Porto-Bello, surtout après que la première Panama eût été détruite et pillée par les Frères de la Côte et rebâtie sur le Rio-Grande, mais toujours sur la mer du Sud.

Comme toutes les cités espagnoles de l’ancien ou du nouveau monde, l’aspect de Carthagène est triste, bien que les rues soient larges, coupées à angle droit et rafraîchies par de nombreuses sources d’eaux vives ; cette tristesse tient aux longues galeries soutenues par des colonnes basses et lourdes, espèces de cloîtres qui bordent les deux côtés des rues, et aux larges terrasses en saillie qui dérobent la plus grande partie du jour et du soleil.

À l’époque où se passe notre histoire, la population de Carthagène s’élevait à plus de trente mille âmes ; la ville et le port étaient défendus par cinq forteresses, dont une, la plus importante de toutes, celle de Boca-Chica, avait soixante pièces de canon en batterie.

La garnison espagnole comptait cinq mille deux cents hommes de vieilles troupes formées dans les guerres européennes et commandées par un brigadier, grade équivalent à peu près à celui plus moderne de général de brigade ; en cas de nécessité, on pouvait, en quelques heures, joindre à ces troupes environ trois mille cinq cents miliciens, bien armés et d’autant plus braves alors qu’ils combattaient en réalité pro aris et focis.

C’était cette ville, si formidablement armée, si heureusement située, que le capitaine Ourson Tête-de-Fer, avec un seul navire armé de trente canons et monte par sept cent vingt-trois hommes, avait résolu de prendre.

Il est vrai que ces sept cent vingt-trois hommes étaient l’élite des Frères de la Côte, et que le capitaine Ourson disait que tout ce que l’œil d’un flibustier pouvait embrasser dans son rayon visuel devait, s’il le voulait, lui appartenir ; ce que, jusque-la, il avait toujours personnellement prouvé.

Mais jamais aucun des chefs de la flibuste n’avait encore, jusqu’à ce jour, conçu une expédition aussi audacieuse, surtout en disposant d’aussi faibles moyens d’exécution.

Maintenant, profitant de la faculté qui de tout temps a été concédée aux romanciers de voltiger a leur guise sur l’aile des djinns et de traverser en quelques coups, non pas d’ailes, mais de plume, les plus longues distances, nous abandonnerons la Taquine et son brave équipage dans les débouquements des Antilles, quelques heures après la réussite de son hardi coup de main sur Guantanamo, et, priant notre lecteur ou notre bien-aimée lectrice de nous suivre, nous sauterons d’un bond sur la côte américaine et nous nous rendrons à Turbaco.

Turbaco est un charmant petit village de sept ou huit cents âmes au plus, village, bâti sur le penchant verdoyant d’une colline, à quelques lieues à peine de Carthagène et adossé contre une forêt majestueuse et presque impénétrable, dont les derniers contre-forts viennent mourir sur le bord même du rio Magdalena.

Éloigné de six ou huit lieues de la mer, ce village sert de refuge aux riches habitants de la ville et aux Espagnols européens non acclimatés encore, contre les chaleurs excessives et les maladies qui pendant l’été règnent sur le littoral.

L’aspect de ce village est réellement enchanteur, il surgit, pour ainsi dire, du milieu d’un immense bouquet de verdure montant en amphithéâtre presque jusqu’au sommet de la colline ; on aperçoit de fort loin ses grandes et élégantes maisons construites en bambous et couvertes de feuilles de palmier.

Des sources limpides jaillissent de nombreuses roches calcaires garnies de polypiers fossiles et auxquelles le feuillage lustré de l’anacardium caracoli, qui les ombrage, donne un aspect réellement étrange.

L’anacardium caracoli est un arbre d’une grandeur colossale, auquel les Indiens attribuent la propriété d’attirer de très-loin les vapeurs répandues dans l’atmosphère ; fait dont nous n’oserions certifier l’exactitude.

Le village étant élevé de plus de cent cinquante toises au-dessus du niveau de l’Océan, les nuits y sont extrêmement fraîches ; par contre les jours y sont toujours d’une chaleur étouffante.

Nous entrerons dans Turbaco, et après avoir fait quelques pas dans la grande rue du village et être passés devant une fontaine monumentale qui n’a qu’un défaut, celui de ne donner jamais d’eau, nous pénétrerons dans une maison qui est une des principales et des plus belles du pueblo.

Cette maison, divisée en deux corps de logis séparés par un immense jardin très-touffu, plein d’ombre et de mystère, est presque contiguë à la forêt par son arrière-corps de logis, tandis que sa façade donne presqu’en face de la fontaine dont nous avons parlé.

Il était trois heures et demie de l’après-dîner environ, la grande chaleur du jour était passée ; les rues du village, désertes depuis onze heures du matin, commençaient à se peupler de quelques rares passants ; les portes se rouvraient peu à peu, les habitants s’éveillaient, en un mot la siesta était terminée et la vie reprenait son cours.

Dans un salon assez coquettement meublé, aux murs faits en bambous espacés, mais recouverts entièrement d’une toile fine, pour, tout en laissant circuler librement l’air, déjouer une indiscrète curiosité, deux jeunes femmes ou plutôt deux jeunes filles, à demi couchées sur des hamacs qu’elles balançaient elles-mêmes du bout de leur pied mignon, causaient à voix contenues ; tout en fumant de minces cigarettes de paille de maïs, dont la fumée odorante montait on spirale vers le plafond.

Ces deux jeunes filles, belles de cette beauté pure, majestueuse et naïve à la fois qui dénote la race et s’ignore soi-même, étaient doña Elmina et doña Lilia, que déjà nous avons eu l’occasion de présenter au lecteur.

Au moment où nous pénétrons dans le salon ; doña Elmina, avec un geste de mauvaise humeur, venait de jeter loin d’elle sa cigarette à peine commencée.

— Qu’as-tu donc, querida ? lui demanda sa compagne avec surprise.

— Ce que j’ai, niña ? répondit doña Elmina en tressaillant, je souffre, je suis malheureuse, et toi, méchante, que tu es, au lieu de compatir a mes peines, de me plaindre, tu ris, tu chantes et même tu te moques de moi.

— Oh ! oh ! fit la jeune fille en se redressant avec un léger froncement de sourcils, voici une attaque bien subite et bien vive, et tu dois en vérité bien souffrir, Elmina, pour me parler ainsi à moi, non pas ta cousine, mais ton amie, ta sœur.

— Pardonne-moi, Lilia, je suis injuste en effet, mais si tu savais…

— Quoi ? pourquoi ne pas me parler franchement, Elmina ? Depuis près d’un mois, un changement total s’est fait en toi ; tu es pale, sombre, nerveuse, tes yeux sont battus ; parfois sur tes joues j’ai surpris des traces de larmes à peine effacées ; crois-tu donc que je sois aveugle, ou que je ne t’aime pas ! Non, non, querida, j’ai tout vu depuis le premier jour : c’est à la suite d’une longue conversation avec ton père que tu es devenue tout à coup ainsi.

— C’est vrai, murmura doña Elmina en baissant la tête.

— Mais l’amitié doit avant tout être discrète, je me suis tue ; j’ai vu que tu renfermais ton chagrin dans ton cœur, et, par fierté peut-être, ne voulais rien me dire ; j’ai attendu que ton cœur débordât enfin et qu’il te plût de partager avec moi le lourd fardeau de ta douleur.

— Merci, Lilia, tu es bonne et tu m’aimes.

— Oui, je t’aime, Elmina, et beaucoup plus que tu ne le supposes. Quant à la gaieté que tu me reproches…

— Je ne t’ai rien reproché, querida, interrompit doña Elmina avec une certaine vivacité, tandis qu’une légère rougeur empourprait son charmant visage.

— Cette gaieté que tu me reproches est factice, reprit vivement doña Lilia : j’essayais, par une feinte joie, de ramener un fugitif sourire sur tes lèvres ; puisque je n’ai pas réussi, c’est que j’ai eu tort. Pardonne-moi donc, Elmina ; désormais mes rires ne troubleront plus ta douleur.

Ces derniers mots furent prononcés par doña Lilia, avec un tel accent de douce sympathie et de véritable tendresse que doña Elmina tressaillit, et elle se jeta dans les bras de son amie en éclatant en sanglots.

Il y eut un long silence ; les deux jeunes filles pleuraient.

— Tu as raison, reprit doña Elmina, je souffre horriblement ; mon cœur se brise, tu as deviné une partie de mon secret ; eh bien, soit ! écoute-moi, tu sauras tout.

— Sommes-nous seules ici ? demanda doña Lilia ; attends.

Et portant à sa bouche un sifflet d’or pendu à son cou par une chaîne de même métal, elle siffla.

Quelques minutes s’écoulèrent, puis un pas lourd résonna sur le parquet, une porte s’ouvrit et une négresse d’une quarantaine d’années parut en souriant sur le seuil.

Cette négresse avait du être fort belle ; ses traits intelligents respiraient la douceur et la bonté mêlées à une certaine expression d’énergie.

— Maman Quiri ! dit doña Lilia d’une voix caline, ma cousine Elmina et moi nous avons à causer de choses sérieuses, mais nous craignons les oreilles indiscrètes et nous ne voulons pas être entendues ; veillez à ce que personne ne s’approche de ce salon sans que nous soyons prévenues ; nous vous aimerons bien.

— Soyez tranquilles, chicas, personne n’approchera ; je veillerai moi-même ; tâchez donc, petite niña Lilia, de prendre enfin son secret, à votre sœur Elmina ; ce n’est pas bon pour une jeune fille d’avoir ainsi des secrets à elle toute seule.

— J’y tâche, répondit en riant doña Lilia ; j’y tache, maman Quiri.

— Bien, fillettes, gazouillez sans crainte comme les oiseaux du bon Dieu, qui ne sont ni plus purs ni meilleurs que vous ; je ferai bonne garde.

Et la négresse sortit avec un doux sourire.

Les deux cousines la suivirent des yeux jusqu’à ce que la porte se fût refermée sur elle.

— Ma chère Lilia ! dit alors doña Elmina, promets-moi tout d’abord de ne pas te moquer de moi ; car tu vas entendre plutôt l’histoire de mes sensations personnelles que celle d’événements graves et faits pour m’attrister ou m’inquiéter.

— Parle, querida ! Ne suis-je pas la moitié de toi-même ?

— C’est vrai. Écoute donc. Tu connais mon père, don José Rivas de Figaroa ; je ne te dirai donc rien de son caractère altier, sombre, orgueilleux, de sa volonté devant laquelle toutes les autres doivent se courber. Privée dès ma naissance de ma pauvre mère, morte en me donnant le jour, ma première enfance s’écoula triste et abandonnée aux soins d’esclaves inintelligents et maussades. Aussitôt que je fus assez âgée pour comprendre ce qui se passait autour de moi, ces injustices, ces colères sans motif, ces rigueurs que rien ne justifiait m’effrayèrent intérieurement et faussèrent complètement mes instincts et mes aspirations ; que te dirai-je enfin Lilia, ma chérie ? j’ai peur de ne pas aimer mon père !

— Oh ! Elmina ! quelle affreuse pensée, ce n’est point possible !

— Hélas ! au contraire, querida, cela n’est que trop vrai ; en vain j’ai essayé de revenir sur cette impression fatale de mes premières années, tout fut inutile : j’ai peur de mon père ; son regard seul me fait trembler. Quelque temps après notre traversée de Cuba à Saint-Domingue, traversée pendant laquelle notre vaisseau fut pris par les ladrones de l’île de la Tortue et où nous fûmes si généreusement et si miraculeusement délivrées d’un esclavage terrible, par le capitaine Ourson Tête-de-Fer, tu vois que je n’ai pas oublié le nom de notre libérateur, fit-elle en souriant à travers ses larmes ; tu te le rappelles, mon père fut nommé par le roi, gouverneur de Cartagena de las Indias, tandis que don Lopez Aldoa de Sandoval, ton père, était, lui, promu au grade de brigadier et recevait en même temps le commandement de la garnison de cette même ville. Ton père et le mien acceptèrent ; quinze jours plus tard nous partions pour Cartagena. Je ne sais pourquoi, mais lorsque je vis s’effacer à l’horizon les hautes montagnes de Saint-Domingue, je sentis subitement mon cœur se serrer, les larmes me vinrent aux yeux et je pleurai ; tu me demandas la cause de cette tristesse, je ne pus te l’expliquer, je l’ignorais moi-même ; depuis quelques jours à peine à Santo-Domingo, rien ne m’y attachait, la vie que j’y avais menée avait été triste et décolorée ! Pourquoi donc étais-je triste ? Peut-être était-ce un de ces pressentiments que parfois dans sa bonté Dieu envoie à ses créatures.

— Que veux-tu dire, querida ? s’écria doña Lilia avec étonnement. Je ne te comprends pas.

— Tu vas me comprendre. Tu te souviens sans doute de la cérémonie d’installation de mon père comme gouverneur de la ville de Carthagène ; les notables vinrent au cabildo présenter leurs hommages à don José Rivas ; ces notables, tous négociants fort riches, étaient au nombre de treize ; le treizième se nommait don Enrique Torribio Moreno, c’était ce riche marchand mexicain arrivé quelques jours avant nous à peine de la Vera-Cruz.

— Don Torribio Moreno, qui est aujourd’hui l’ami intime de ton père ?

— Celui-là même ; Lilia.

— C’est un sombre visage, que celui de cet homme, dit la jeune fille, d’un air pensif.

— N’est-ce pas ? Eh bien, sais-tu à qui il ressemble, et cela d’une manière si surprenante que j’en fus frappée la première fois que je le vis ?

— Non.

— Cet homme ressemble traits pour traits, je te l’affirme, au misérable bandit dont, au Port-Margot, les chances du jeu nous avaient faites les esclaves.

— C’est étrange murmura doña Lilia.

— Oh ! oui, bien étrange ! s’écria-t-elle avec une animation fébrile, et malgré sa barbe coupée à l’espagnole, son accent andalou et l’air de fausse bonhomie répandue comme un masque sur ses traits, je ne m’y suis pas laissée prendre une minute, moi, et, dès le premier instant, j’ai compris que cet homme me serait fatal.

— Cependant…

— Laisse-moi achever, querida, tu verras si mes pressentiments m’ont trompée. Don Torribio Moreno, du reste, est un homme d’une élégance parfaite, de hautes manières, et en apparence, du moins, colossalement riche ; l’or coule comme de l’eau entre ses doigts.

— Ajoute que c’est un joueur effréné, et de plus un joueur heureux.

— C’est à cela que je voulais arriver. Mon père, lui, n’est pas riche, tu le sais cependant il a la passion du jeu, tous les soirs on joue dans sa maison ; et souvent des sommes considérables sont engagées soit aux dés, soit au monte.

— Le jeu est le fléau de l’Amérique, querida ! c’est par le jeu que périront les colonies espagnoles.

— Et les familles des colons. Il y a un mois environ, mon père arriva ici a l’improviste, il me fit appeler et s’enferma avec moi dans ce même salon où nous sommes en ce moment. Il me fit asseoir auprès de lui, me regarda attentivement pendant quelques minutes, puis prenant la parole d’une voix dure, il me dit : « Elmina, vous êtes belle, vous avez dix-huit ans, le moment est venu de vous marier. J’ai fait choix d’un époux pour vous ; cet époux est un caballero fort riche, mon ami le plus intime, préparez-vous donc à le recevoir et à lui faire bon visage ; je lui ai donné ma parole, et vous savez que jamais je ne reviens sur une résolution prise, et surtout sur une parole donnée. Vous avez deux mois pour vous préparer à cette union ; dans deux mois, jour pour jour, à compter de ce moment, Monseigneur l’évêque de Cartagena bénira votre mariage dans l’église de la Merci. L’homme avec lequel vous êtes dès à présent fiancée, Elmina, est don Enrique Torribio Moreno. » Ce fut tout.

— Et que répondis-tu à cette communication de ton père ?

— Rien. Et puis qu’aurais-je pu répondre à une volonté si péremptoirement formulée ? J’étais atterrée, sans force, presque évanouie, incapable de prononcer une parole. Dès le premier mot, par une espèce d’intuition secrète, j’avais pressenti, ou, pour mieux dire, deviné que mon père terminerait l’entretien par le nom de cet homme. Don José Rivas se leva, me lança un long regard et sortit sans me dire adieu, aussi froidement qu’il était entré. Lorsque la porte se referma sur lui, je tombai évanouie sur le plancher ; ce fut ma nourrice qui me releva. Voilà un mois que cet entretien a eu lieu, Lilia.

— Que comptes-tu faire ?

— Je l’ignore ; je ne sais qu’une chose, c’est que je n’épouserai pas cet homme.

— Mais pourquoi ce mariage ? Comment ton père, si orgueilleux de sa noblesse, a-t-il consenti ?…

Doña Elmina sourit avec amertume.

— Mon père est ruiné, Lilia, il ne lui reste pas un maravédis peut-être ; toute sa fortune appartient aujourd’hui à don Torribio ; comprends-tu ?

— Oh ! c’est affreux !… Quel espoir te reste-t-il ?

— Dieu ! s’écria doña Elmina, levant les yeux avec ferveur vers le ciel ; Dieu ! qui ne me délaissera pas, lui, lorsque tout m’abandonne.

En ce moment, la porte s’ouvrit et la négresse entra :

— Voici votre père, niña, dit-elle ; don Torribio Moreno l’accompagne.

— Silence ! fit douloureusement la jeune fille en posant un doigt sur sa bouche et en se tournant vers sa cousine ; silence, je t’en supplie, Lilia.

— Courage, Elmina, répondit la jeune fille en l’embrassant.