Oudin - Recueil de sentences et de proverbes/1re éd., 1605

REFRANES

O PROVERBIOS

Españoles tra-

duzidos en lengua

Francesa.

PROVERBES

ESPAGNOLS TRADVITS

en François.

Par Cesar Oudin, Secretaire

Interprete du Roy, & Secretaire

ordinaire de Monseigneur le Prin-

ce de Condé.

A MONSEIGNEVR.

Le Dvc de Retz.

A PARIS,

Chez Marc Orry, ruë S. Iaques,

au Lyon Rampant.

______________

1605
A HAVT ET

PVISSANT SEI-

GNEVR, MONSEIGNEVR

HENRY DE GONDY,

Duc de Retz, Pair de France,

Marquis de Belle-isle, &c. Ca-

pitaine de cinquante hommes d'ar-

mes des Ordonnances du Roy.


MONSEIGNEVR,

Ce n'a point esté l’intentiô d’imposer silence aux enuieux mesdisàns qui m’a faict choisir vostre nom pour en orner le frontispice de ce petit Liuret, m'imaginant qu’on le desdaigneroit plustost que de luy faire aucun ·mal, s'il s'en alloit errant & vaga-

a ij
bond sans conduite, ny sauuegarde ; aussi que son pretendu estant de n’offenser personne, ains de seruir à tout le monde, il n’y auroit point de sujet de luy donner quelque·empeschemét. C’a bien esté vne plus haute côsideration qui m’y a poussé, laquella est que recognoissant sa petitesse &·peu de valeur, pour l’offrir aux amateurs de la vertu, ausquels rien ne convient sinon d’excellent & de rare, i'ay creu que vous le mettant entre les mains, il s'accroistrojt d’autant plus que vous surpassez les petits en dignité & grandeur. Or le present que ie pretens leur faire par vostre moyen, est ce petit ramas de quelques Prouerbes Castillans que i’ay tirez la plus-part du Liure intitulé, Refranes o Prouerbios glosados, & le
refte de diùers éndroits. Q!.t~

fi l’on vouloir m’obiefrer’que ce n’efirien denouueau, ·p.uts’quie d’autres les ont de~:fia ·efcrirs ,i~ refpondroy ·.·qu,à tbut·}e1filùH1s le François que J’y .ay adro:ttfbé eft nouueau, & que le· tout eft- femble fera nouuea1:1"à ’Ceux qui n’en auront encor rienveu.D’a... uantage , ie ferois volp:t1!tiers v ne queftion, à fçauo:ir fi ap:t~s. vn froid & fafcheux Hy’tlet" fuiuy d’vn d().UX & aggtt:a•bf:e· Printemps , quelqu’Vfl. ’entroit en vn iardin de p1aifatl~t:) t:é~t diapré & efm2illé ·dë r·o-elles & - odoriferantcs:fleurs voudro!t- il dire qu’elles ne feraient pas nouuelles, puis que des le co m .. mencement du monde 011 en a; touliours veu defemblables? Te~• · m’alfeure qu’il feroit n;tal foii- dê , attendu mefme. que l’on


a iij ·4ppelle- vulgairement cefte ·fai- fon là le renouueau, co1nhien que ce foit celle qui fut creée la premiere de toutes. Receucz donques. (M 0 NS-E IGNE V R) __ çefte p·etite poignée de fleurs auec la mefme volôté que vous _·prendriez de la main d’vn pau- . ure iard.inier vn bouquet qu-~il . vous prefenteroit de toute fon affeého,n , n’efrant cecy en ef- -_ feél: aQtre chofe , ayant fer.m.e croyance que fi vous daignez _-luy comuniquer vn petit rayon ·fauoraple deJoftre regard, l’ef- __ c _hauffant tout e plus-ne moins- . qu’VIl beau & clair Soleil le- liant (à qui vous- pouuezà bon- - __ .ne raifon efrre co1n paré, confi- derant le doux Printemps de .vofrre âg_e auquel vous donnez . de fi belles. & fpecieufes n1on,.. .ftres, remplies de bonnes. efpe:rances ) il en receura vüe :Vertu telle qu’il en fera rendu beau- . coup plus doux, & fuaue , à ·ceux qui le· prenant de voft1;e ·main voudronrparticip(n::àfon .odeur, ou .pçn1r uaienx:;Slfplus proprement parler,. conuertif- . fant les fleurs tranfitoires en de bons fruiB:s, il n’Y-· auta: .cetuy qui n’en dcfire gouftcr, eftan t ce):tain qu:ïl fy ,en troun~twae .

fi fauoureux, aue les plus def-

.1. ·~ gaufrez y prendro11t appetito Et fi perfonne d’auanture n·e tieQt a~cun con,te de ce _petit . don’ ce me’fera affez qu’il vous foit aggreable: ce que i’ofe me· . protnettre , pu1s que vous ne defdaignez pas de m’e1nployer (bien que peu capable) à l’vn de vos plus beaux exercices. Ce· n’cft qu’Vn efchantillon du fer-

uice que i’efpere & defi re VCD~lS
rendre, lequel apres vous auoir baisé tres~humblemét les mains, ie vous presente, accompagné d’vne tres-deuote priere que ie vous fais, de me rendre participant à vos benignes graces, & me tenir


Monseigneur


Pour



Vostre tres-humble &
tres-obeïssantseruiteur,


Cesar Ovdin.
ELEGIE


A MONSEIGNEVR

le dvc de Retz.


En faueur du Seigneur Cesar
Ovdin, traducteur de ce liure.


Qvand le Printans émaillé

de couleurs

D’un gay tapis de verdure

& de fleurs

Pare la terre, & que dans l’Abôdance

Phebus chemine embelli d’influance,

Tout rit aus chams, tout luit de tous

côtés :

Les ruißelés blondement argentés

D’vn creus murmure en serpantent

les prées.

Les papillons en tourbes diaprées. Meuuent en l’air, & sous leur molle

vois,

Les oizillons font retentir les bois.

Adōc(sitôt que l’Aurore vermeille

A front panché sous les ondes reueille

En Orient le Soleil endormi)

De toutes pars, deçà, de là, parmi

Les chams gaillars, mainte & mainte

personne

Guide ses pas, & chacun s’entre-dōne

A l'alegresse, autant que la raizon.

Le veut permettre en sibelle saizon.

L'vn va, l'vn vient en maniere di-

uerse :

L’autre s'aßied & l'autre à la renuerse,

Dās vn Boucage, ou dans vn Antre

vert,

Cherche le frais, & cherche le couuert.

Cetuy cy chasse, & les plaines euāte,

Cetuy-là pefche, ~-) d)Jne m’4in[f4.-.

U4fJte

En mïtn~n·di{~_& plezante iicyprû,

CetP~y-là cueille & recueille,au po uv

pris De la campagne és plus belles préries,

L'honeut plus beau des herbettes fieu-

ries.

La Mm;gaerite ttus ’l’.t)’ons tttuelés:

Tombe derà,les Oeillésg;·iuelés

Tombe.nt delà, der4l~t Violette,

lcylttRo~e,icy la Paquerette

Et le N •tï’CÛ, & de là tombe ennn

Lrt fiewt de Lys peinte d’arget &d’or

Lors arang/ant _toutes ces fleutf

en(emble,

D’lin ordre ~4,{ en rond il ?es affimble-

.Auec les dois)&-J4it. de leurs odeurs

Yne Couronne excclente en couletn·s.

Q.._t1tnd e~e eflf4ite, ill’_œiU~~e , il

1ad:mzre.

Etfon tortü de 11lflnitre l’ ttt:tiJ;e,

R.tt! fos ef}riJ & [es ners allum.és. · De. t1t de g•·ace èn àemeuiet cha)·m/s:,

En- cep {r:ZJ,r ilfonge :i cp~e.lleftUe

(Entreplufteurs )agreable & gentille.

Iloffrira cei~yau du Printans:

EtJi bien pen[e)attiJ~fpar les sens, Qu'imaginant il le presente à celle

Que dessr toute il iuge la plus belle.

De même ô Dvc (que les destins

plus dous

Ont fauori pour faire naître en vous

De la merueille en vôtre âge premiere)

Ovdin conduit sous sa viue lumiere

D'vn Printās rare éternel en pouuoir,

En la campagne où regne le sçauoir,

Il a cueilli d'vne main bien apprize

Toutes ces fleurs, où sa gloire comprize

Flambe à l’entour,&-;couplat àl’enui

Leur dijfor~tnce tn maint tour-rejfoiui,

Comm1:-’~n amnnt·cpte l’ardn~répfJtn-:

renne,

lien aft~itvnebeL!e Coûronne;

Etfi tres-belle enfos linettmttns,

e,toutrtttûde[es comp4rtim~tns

Jlachercbf.,nonles pl~sbeU~sftUès,

Ny leurs ttttrays, nyleursgracest.en

tiUes · ·

Poùr .leu~ 1Joüe1, m:tis ceus qNi prés

des Rois
Tiēnēt leur ran pour leur race de chois.

A celle fin que l’honneur de sa gloire

En leur merite arachat la victoire

Sur l’ignorāce, & que ses beaus écris

(En leur qualibre) emportaßēt le pris.

En fin, tournant avec sa fantaizie

Dās leurs grandeurs, il a seule choizie

Vôtre Grādeur, époint de vos hōneurs,

Pour vous offrir ce parangō de fleurs.

Non de ces fleurs qui maintenant
fleurissent

Dedās la plaine, & maintenāt fanißēt

Au lon des prés, cōme il plait au Soleil

Proche ou lointain, quand il fait son

reueil.

Nō de ces fleurs qui viēnēt d’Italie,

Dont la splandeur par le tans abolie,

Se decolore, & dont l’vsage feint

Chāge de grace à l’heure qu’il s’eteint.

Mais bien des fleurs qui, tousiours plus

nouuelles,

A tout iamais se verrōt immortelles

Dās les espris, & qui tousiours aurōt
De la couleur tant que les ans seront.
Son los, sa peine, & le tans vous
incite

A bien- veigner leur mélange d’élite,

A l’approuuer, à le bien receuoir.

O ieune Dvc maintenāt faites voir

En l’approuuant que la vertu vous

range,

Et qu’à bon droit vous êtes en loüāge

En si bas âge, & que vous promettés

Vn bon succés en vos felicités.

C’ét vn presant qui tous les biens sur-

passe

Que l’Inde blonde en ses riues amaße.

Et vous Ovdin, puißiés vous
desormais

Gouter l’honneur & le pris à iamais

De vos labeurs, & de la méme sorte

Que vous aués sous vne bōne escorte

Raui ces fleurs aus chams Iberiens,

Ainsi le Roy le premier des chretiēs

Puisse rauir quelque iour l’Iberie

Qui les produit. destins ie vous en prie
Bien humblement, & que sa Majesté

(Pour en instruire à la posterité)

Rencontre alors vn plus digne Poëte

Que ie ne suis, & dōt la vois parfaitte

Soit mieus capable à tirer de l’oubli

Son beau renom de palmes ennobli.

Cl. Garnier
Paris
AD LECTOREM


SI cupù H_ijfani pe1eitus cttgnofoere lingaa~, fl..!!os tJbz, dat C E. s A :&, volue,reHolue , l~­ hros. ·· ( antè, - Grammaticen primùm lege, quzcm paullo ~didit In quà perJPicu èprima elem1nta Jocet. p erlege deî.nde au.idè, qu.e nue ProHerbü tradit: H .ec fimul expolimt linguam animumq; tibi._ Pt-ile namq; .Author monftrat,{èurrilia tranfit: ]tes fermone p"resgaudet habere graues. Idem grande breui vocum pen us edet è auflum. )! quo depromes fingula verba ftatim. · Non opu& eft, dubius terrâue martue vageris, .A.ncipiti vt difcas hac idioma metu. Sumptibus immenfis, varüs fl/ parce periclJ1; . Inpat,_riis laribUI dijètrecunéla potes. Lteta ergo .Authorü fruere, ’Ytere,mente lAbore, .Il" illigratiU{aHfla precare. V ALE. Ctifpinus Gericius Elbin- genfis Botuffus. ··

REFRANES
O PROVERBIOS
CASTELLANOS TRA-
duzidos en lengua
Francesa.


PROVERBES ESPAGNOLS
traduicts en François
par Cesar Ovdin, Secretaire
interprete du Roy.


ABODA ni a baptismo no vayas sin ser llamado. A nopce ny à baptesme, n’y va pas sans y estre appellé.

A buen comer o mal comer, tres vezes beuer. A bien à manger ou mal à manger, il faut boire trois fois.

Abaxanse los adarues, y alçanse los muladares. Les murs s’abaissent, & les fumiers se haussent.

Abad auariento, por vn bodigio pierde ciento. Abbé auaricieux, pour vn pain d’offrande en perd cent.

Yo à buenas vos àmalas, no puede fer mas negro el cueruo·que sus alas. Moy aux bonnes, & vous aux mauvaises, le corbeau ne peut estre plus noir que ses ailes.

Yo y· mi cauallo ambos tenemos vn cuydado. Moy & mon cheual auons tous deux vn mesme soin.

Yo te perdono el mal que me hazes, por el bien que me sabes : Palabras son del borracho al vino. Ie te pardonne le mal que tu me fais, pout l'amour du bon goust que tu as. Ce sont paroles de l'yurongne au vin.

Yo podre poco, o diran que no soy loco. Ie·pourray peu, ou bien l’on dira que ie ne suis pas fol.

Yo como tu y tu como yo, el diablo te me dio. Moy comme toy, & toy comme moy, le diable t’a donné à moy. ·

Yo me soy el Rey Palomo, yo·me lo guiso yo me lo como. Ie suis·le Roy Palomo, ie me l’accoustre & le mange.

Yo estoy como perro con bexiga, que nunca falta vn Gil que me perfiga. Ie suis comme un chien avec vne veßie, que iamais il ne manque vn Gille qui me poursuive.

Yo molondron tu molondrona, casate conmigo, Antona. Ie suis une beste, & toy vne autre beste, maries toy auec moy. Antoinette.

Z

Zorrilla que mucho tarda,caça aguarda. Renard qui beaucoup arde, attend la proye.

Refranes. Prouerbes. 187

Zorrilla tagarnillera, hazese muerta por asir la presa. Renard rusé & fin fait le mort pour attraper sa prise ou sa proye.

Zorros en zorrera, el humo los echa fuera. Renards en renardiere, la fumée les chasse hors.


FIN