Ornithologie du Canada, 1ère partie/Le Pic doré — le Pivart


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 106-108).

LE PIC DORÉ — PIVART.[1]
(Golden-winged Woodpecker.)


Quel est le jeune chasseur qui n’ait fait connaissance avec le Pivart ; quel est l’écolier qui ne l’ait déniché ? « Ce Pic, dit Vieillot, remarquable par l’élégance de ses formes, la disposition agréable de ses couleurs, par l’éclat du jaune doré répandu sur les plumes alaires et caudales, a les parties inférieures du corps parsemées de taches noires sur un fond gris-blanc ; cette dernière teinte prend un ton roux sur l’occiput, sur les côtés de la tête et ceux de la poitrine, dont le milieu est occupé par un large croissant noir ; elle se change en gris ardoisé clair sur les côtés du cou, et elle est coupée sur la nuque par une bande rouge ; des moustaches noires partent des angles du bec et se prolongent jusque sur les bords de la gorge ; le dos, les scapulaires, les couvertures supérieures, et les pennes secondaires des ailes ont des raies noires transversales sur un fond gris-brun ; les primaires sont noirâtres en dessus, et quelques-unes ont des taches grises à l’extérieur ; toutes sont en dessous, ainsi que sur leur tige, d’un beau jaune doré ; le croupion est blanc et tacheté de noir, ainsi que les couvertures supérieures de la queue dont les pennes sont noires en dessus et d’un jaune soyeux en dessous ; les deux premières pennes latérales ont des taches blanches à l’extrémité et du côté externe ; le bec est noir et l’iris noisette ; les pieds sont bruns. »

Longueur totale, 12 , envergure, 16.

Dès que le temps des œufs est arrivé, la voix du Pic se fait entendre du sommet des arbres vieux et desséchés, proclamant joyeusement l’ouverture de la belle saison. Son chant est la joie elle-même, car il imite un rire jovial et prolongé. On voit une douzaine de mâles, attachés à voltiger autour d’une femelle, monter, descendre, baisser la tête, étendre la queue, se balancer en avant, en arrière, à droite, à gauche, exécuter enfin une espèce de ballet burlesque, dont il est difficile d’être témoin sans rire. C’est ainsi que les prétendants témoignent à leur belle le désir de lui plaire et de l’amuser. Point de jalousie, point de haine entre ces dandys emplumés ; d’arbre en arbre, de buisson en buisson, les mêmes cérémonies se répètent : la coquette, après bien des indécisions, donne un coup de bec à celui qu’elle honore de son choix, aussitôt tous les prétendants s’envolent, et le couple s’occupe de chercher une habitation commode pour la future famille ; ils partent ensemble, et choisissent dans le bois un tronc d’arbre facile à creuser. Tour à tour le mâle et sa compagne opèrent à coups de bec l’excavation qui doit les contenir eux et leurs petits. À mesure qu’un débris de l’arbre vole dans l’air sous le bec de l’un d’eux, l’autre le félicite par un cri aigu qui exprime la joie. Enfin le nid s’achève, et c’est un plaisir de voir les deux oiseaux monter et redescendre le long de l’arbre dans tous les sens, aiguiser leur bec sur tous les rameaux, chasser inexorablement les Rouges-Gorges, les Geais et les autres oiseaux dont le voisinage leur est suspect, aller en course lointaine à la recherche de larves de fourmis, d’insectes. Quinze jours après, six œufs blancs et transparents comme le cristal sont déposés dans le nid. Ces oiseaux fréquentent, le printemps, les champs de maïs, et dévorent les épis lorsqu’ils sont tendres. Wilson a vengé ses amis les Pics des calomnies nombreuses de Buffon, et au lieu d’un caractère mélancolique il leur prête des habitudes gaies et sociales. Il signale diverses inexactitudes qu’avaient commises Linné, Vieillot, Latham et autres qui avaient prétendu que le Pic doré était une espèce de Coucou ; qu’il ne perçait jamais les arbres ; qu’il ne se cramponnait pas aux troncs d’arbres et qu’on ne le rencontrait qu’à terre. Le Pic Doré hiverne en Canada, on le pense du moins ; mais nous n’avons que le dire de certaines personnes pour constater le fait. On le rencontre en Pennsylvanie pendant l’hiver.



  1. No. 97. — Colaptes auratus. — Baird.
    Picus auratus. — Audubon.
    Pique-bois jaune de la Louisiane.