Ornithologie du Canada, 1ère partie/Le Chardonneret


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 253-255).

LE CHARDONNERET.[1]
(Goldfinch.)


Le Chardonneret se distingue par son coquet plumage jaune citron et tirant sur le blanc sur le croupion et dessus la queue, par sa calotte et son manteau de velours noir. Les ailes sont noires, frangées de blanc ; la queue noire et la frange intérieure des plumes, blanche ; le front est noir ; le bec et les pieds roussâtres, couleur de cannelle. Tel le mâle se montre en été ; en septembre, ses couleurs deviennent plus pâles et alors le mâle et la femelle se ressemblent presque. Ils se construisent un nid, vrai chef-d’œuvre d’élégance et de dextérité, au haut d’un pommier, ou au coton du chanvre, le couvrant à l’extérieur de mousse liée ensemble par leur salive : le duvet le plus moelleux en tapisse l’intérieur. La ponte est de cinq œufs, blancs, avec des taches pâles, au plus gros bout. Les mâles ne reçoivent toutes leurs couleurs qu’à la seconde année de leur existence : absence alors du noir sur leur tête, que le blanc remplace ; le blanc des ailes couleur de crème. En avril, ils commencent à muer et en mai ils sont d’un jaune vif : leur plumage entier à sa racine est d’un noir bleuâtre. Le ramage du Chadonneret ressemble au chant du Goldfinch d’Angleterre, mais il n’a ni son étendue, ni sa mélodie. Ces oiseaux arrivent en Canada au mois de mai ; alors ils voyagent un à un dans nos campagnes. En août, ils se montrent en bandes, se perchent sur les arbres, lissent leurs plumes aux rayons du soleil et font entendre un agréable gazouillement. Certains individus hivernent à l’ouest de la province, mais ils émigrent en corps du Bas-Canada, à la fin d’août et en septembre. Ils volent en ondulations de haut en bas, faisant entendre un cri à chaque fois qu’ils ouvrent et ferment leurs ailes. Ils s’abattent en grand nombre dans les jardins et s’accrochent aux grappes de chanvre, de millet, aux chardons, tantôt suspendus la tête en bas pour prendre leur nourriture. Pourvu qu’on les prenne avant l’accouplement le printemps, ils vivent bien en cage ou dans une volière : ils meurent infailliblement s’ils ont été pris après cette époque. On les trouve sur tout le continent de l’Amérique.

Ils vivent en captivité deux ou trois années, si on leur donne une nourriture convenable, tel que le millet ou la graine de canarie.

Longueur, 4  ; envergure, 8.


  1. No. 313. — Chrysomitris tristis. — Baird.
    Carduelis tristis.Audubon.
    N. B. Le Chardonneret de France ressemble à son congénère d’Amérique ; celui de France a une couronne d’écarlate, que le même oiseau en Canada n’a pas.