Ornithologie du Canada, 1ère partie/L’Alouette à branle queue


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 375-377).

L’ALOUETTE À BRANLE QUEUE.[1]
(Spotted Tattler — Spotted Sandpiper.)


Cette Alouette est fort répandue le long de toutes les rivières et des ruisseaux du Canada ; l’habitude qu’elle a de hocher et de remuer constamment la queue, la fait facilement reconnaître parmi toutes les autres espèces.

Nous avons souvent trouvé le nid de cette Alouette dans les guérets ou dans les champs de chaume, construit à terre, sans apprêt, de quelques brins de paille ou de foin. Il contient d’ordinaire quatre œufs, couleur de crème, parsemés de larges taches noires et irrégulières et de taches plus pâles. Ces œufs, fort gros, eu égard à la taille de l’oiseau, mesurent un pouce et quart en longueur ; leur grand axe est considérable et ils se terminent presqu’en pointe à l’autre bout. Les jeunes sont d’une grande agilité, dès qu’ils sont sortis de la coquille ; un duvet fauve les recouvre à leur naissance ; une ligne de noir se fait remarquer sur leur dos ainsi que derrière chaque oreille. Ils ont alors un petit cri plaintif. Mêmes allures à l’apparence du danger, chez les vieux parents que chez les Bécassines, les Perdrix : on les croirait mortellement blessées, tant elles ont l’air abattu, et se culbutent à terre, se jetant au-devant de l’homme ou du chien, qu’elles redoutent. M. Bartram, naturaliste d’Amérique, cite un exemple frappant de la dextérité et du courage dont font preuve les Alouettes à branle queue pour défendre leurs jeunes : un suisse[2] voulait s’emparer de deux jeunes Alouettes ; la mère de ces dernières, les ailes dressées, presque perpendiculaires, les plumes hérissées, s’élança à la rencontre du ravisseur, lequel étonné de son audace, battit d’abord en retraite ; puis enhardie, la bête scélérate revint à la charge ; mais l’héroïque mère, dont le plumage hérissé la faisait paraître de grosseur double, attendait l’ennemi de pied ferme. Pendant tout ce temps, les jeunes à l’abri de leur protectrice, avançaient et reculaient suivant qu’elle avançait ou qu’elle reculait ; cette lutte durait déjà depuis dix minutes ; les attaques de l’écureuil devenaient plus fréquentes et plus audacieuses ; il était évident que la victoire lui resterait finalement, lorsque M. Bartram à l’instar de ces divinités célestes, qu’Homère fait intervenir au fort de la mêlée, s’élança de sa retraite et assura la palme au dévouement maternel.

Le vol de cet oiseau est peu élevé : ses longues ailes décrivent vers la terre un angle considérable et il fait entendre un cri rapide, weet, weet, weet, en volant, traçant une longue courbe au-dessus de l’eau vers le large, puis il se repliera vers le rivage. Ces Alouettes vont rarement avec les autres espèces d’Alouettes. Elles sont sédentaires dans le Sud des États-Unis ; elles nichent, dans tout l’État du Maine, dans tout le Haut et le Bas-Canada, et au Labrador elles sont très communes.

Le mâle a le bec un peu plus long que la tête, effilé, flexible, verdâtre en dessus, jaune en dessous ; les pieds, longs et grêles, couleur de chair pâle ; le menton, olive verdâtre, luisant à reflets bronzés ; la tête est barrée longitudinalement et le dos, transversalement ondulé de foncé ; le plumage en dessous, blanc, parsemé de nombreuses taches brunâtre-noir, plus petites sur la gorge, plus grandes et plus rondes sur la poitrine et les côtés. Les jeunes ont le plumage en dessus maculé de foncé, les couvertures alaires barrées et le plumage en dessous d’un blanc pur.

Longueur totale du mâle, 8 ; envergure, 13 .


  1. No. 643. — Tringoides macularius. — Baird.
    Totanus macularius.Audubon.
  2. Petit Écureuil au dos rayé fort commun en Canada.