Ornithologie du Canada, 1ère partie/Éclaircissements


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 392-393).

ÉCLAIRCISSEMENTS.[1]


À propos de la migration printannière des oiseaux, voici la date de l’arrivée des espèces les plus communes, cette année autour de notre demeure :

Les Corneilles 
1er mars 1861
Le Niverolle de Wilson — la Nonne 
10 avril
Le Pinson chanteur — le Rossignol du Canada 
15
Le Rossignol des Guérets 
15
Les Pics 
15
Le Pinson à poitrine blanche 
20
L’Oiseau Rouge 
20
L’Oiseau gris ordinaire 
20
Les Hirondelles 
21
Les Bécassines 
21
Les Merles en bandes 
26
Les Flûtes en grand nombre 
29
Les Tourtes 
30

Les Merles arrivèrent des États du Sud l’année dernière trois jours plus tôt[sic] : les troubles politiques qui bouleversent cette année leurs quartiers d’hiver, expliquent-ils leur retard ?

Les noms populaires de plusieurs de nos oiseaux sont de nature à embarrasser ceux qui étudient l’Histoire Naturelle dans les auteurs européens ou même américains. Nous allons tâcher de leur venir en aide.

Ainsi, le vulgaire veut voir dans les Jaseurs du cèdre, des Récollets : avouons que le peuple n’a pas entièrement tort de préférer ce nom au terme scientifique, Jaseur du Cèdre, pour des oiseaux portant capuchon et qui ne jasent pas, bien qu’en ce pays, il y a déjà plusieurs années, le dernier des récollets ait été recueilli ad patres. De même, le Niverolle de Wilson est connu du peuple des campagnes sous le nom de Nonne : aurait-on découvert de la ressemblance entre sa livrée gris sombre et le costume d’une sœur grise en demi-deuil ? Au dix-septième siècle, dit Brillat-Savarin, les bons vivants par reconnaissance, donnèrent aux Dindons récemment importés en France, le nom de Jésuites et l’on sait pourquoi.

Longfellow, poëte américain, nomma anachorète disant litanies, la petite chouette du Canada, oiseau du reste, grave, nocturne et bruyant. Voilà des excentricités que nous nous contentons de signaler.

À ceux qui désirent étudier spécialement l’histoire naturelle, nous conseillerons de se former peu à peu une collection d’oiseaux et d’animaux empaillés. Le séjour en cette ville de deux taxidermistes, leur rendra cette entreprise facile et peu dispendieuse. Ils sauront bientôt apprécier l’avantage d’un musée pour distinguer les espèces mentionnées dans les livres : c’est ce que nous avons fait nous-même et nous possédons la majeure partie des oiseaux que nous avons décrits.


  1. Le désir de remplir un engagement pris de livrer à la publicité ce traité au 1er mai, nous fait craindre que nous n’ayons pas laissé au prote le temps nécessaire pour corriger convenablement les épreuves.