Les Petits poèmes grecs/Anacréon/Ode IV

IV.

Sur lui-même

Etendu sur les tendres myrtes et sur les feuilles de lotos, je veux boire à longs traits ; l’Amour, rattachant à son cou d’albâtre les plis flottants de sa robe, me verse le nectar de Bacchus. Pareille a la roue d’un char, la vie précipite sa course, et dans la tombe il ne reste de nous qu’un peu de poussière.

À quoi bon garder ces parfums pour une pierre insensible ? À quoi bon répandre des dons précieux sur la terre ? Pendant que je vis encore, inondez-moi de douces odeurs, couronnez mon front de roses, appelez mon amie. Avant d’aller me mêler aux danses des morts, Amour, je veux chasser les soucis.